Lorsque l’on est témoin d’un accident, nous sommes les premiers à agir. C’est plus ou moins ce qui m’est arrivé un soir en rentrant chez moi. 

Une voiture dans le fossé

Un soir, je suis allée chercher mon fils qui revenait d’un rallye patate (c’est un jeu où ils échangent une patate contre autre chose auprès des commerçants qui jouent le jeu.).

En me garant devant la maison, à quelques mètres, une voiture était penchée dans le fossé, et une autre était arrêtée derrière. 

Je suis donc allée voir s’ils n’avaient besoin de rien, habitant à côté, j’aurai pu leur apporter quelque chose ou appeler quelqu’un si besoin. 

État de choc

J’arrive, je vois une femme en état de choc : jambe qui tremble, l’air perdu, un peu affolé, larmes aux yeux. 

Un couple, c’était arrêté et lui avait proposé de la ramener. L’homme mettait le triangle. 

La dame du couple demande à la dame qui a eut l’accident de se calmer. Je lui dit « non non, laissez là aller jusqu’au bout de son processus, elle est en état de choc, et son corps agit pour la sortir de ce traumatisme ». 

Je me retourne vers la dame et lui dit « allez y, laisser aller votre corps, le tremblement, c’est le défigement« . Le défigement dans le processus de la guérison du traumatisme, c’est le mouvement, la mobilité. 

La dame en état de choc, m’explique qu’elle était malade depuis trois jours, et que son chat n’avait plus de pâté. Elle s’était résolue à sortir de nuit (il faisait nuit, c’était 19 h 30.), bien qu’elle n’aime pas cela. 

Je lui demande où elle vit, pas très loin de chez moi, et le couple venait d’un village à côté et devait aller voir des amis. Je dis au couple que je vais m’occuper d’elle, qu’ils sont libres d’aller chez des amis, ça va aller, et je la ramène chez elle, je lui dit que j’irais chercher le pâté de son chat demain et je lui ramènerais. 

Il était nécessaire qu’elle rentre chez elle, se retrouve un peu seule, pour continuer son processus de traumatisme. Son recentrage sur elle, sa prise de conscience. 

Le lendemain, dimanche

Je vais acheter le pâté de son chat et je vais lui rendre visite. La voiture n’est plus dans le fossé, je suppose donc qu’elle a fait appel à son assurance. 

Je la vois chez elle, reposée, moins stressée. Ses problèmes se sont réglés, la veille, en rentrant chez elle, elle a appelé l’assurance qui est venue sortir la voiture du fossé. 

La dame me dit « J’avais le numéro de l’assurance sur moi, mais je ne m’en souvenais plus ». 

Je lui dis : « C’est normal, vous étiez en état de choc, vous deviez passer cette étape pour avancer ».

Nous avons parlé un peu, elle était contente que lui amène le pâté de son chat. Je lui ai laissé mon numéro de téléphone pour le cas où elle aurait besoin que je lui fasse des courses, car elle se retrouvait sans voiture.

Elle m’a dit qu’elle s’est endormi à 2 h du matin, mais a très bien dormi et le matin elle était en forme. 

Elle était contente d’avoir eu autant de monde aussi gentil autour d’elle. Lorsqu’elle est repartie avec la dépanneuse pour chercher sa voiture, un voisin était sorti l’aider et lui a offert un café. 

L’histoire se termine bien. 

Les étapes du traumatisme

J’arrive, la dame est perdue, ses jambes tremblent, ses mains tiennent fort son sac, elle remercie les gens, mais n’a aucune conscience. 

Je la rassure en lui disant de laisser son corps agir, trembler, être perdu, tendu, …

Je lui propose de la ramener, afin de la laisser seule.

L’étape d’être seule après un traumatisme est importante. Tant qu’il y a des gens qui parlent, qui disent quoi faire « calmez vous », qui agissent autour d’elle, elle reste bloquée dans cet amas d’informations.

Dès que je l’ai ramené, qu’elle a été seule, elle a pu agir, appeler son assurance, et sortir seul de cet accident. Son action lui a permis de se défiger, et d’être hyper excitée, c’est pourquoi elle n’a pu s’endormir avant 2 h du matin. 

Le lendemain, elle était calme et elle avait résolu le souci de la voiture qui n’était plus dans le fossé. 

Il ne faut jamais calmer la personne qui a vécu un traumatisme, sinon son traumatisme reste bloqué dans son corps et peut lui faire avoir des symptômes. 

J’en parle dans cet article : https://emiliespirit.fr/somatic-experiencing-de-peter-levine-ou-comment-sortir-dun-trauma/

Soyons juste là pour accompagner lors d’un accident, laissons faire le corps instinctivement, n’ayons pas peur de voir des gens trembler, pleurer, s’exciter, soyons juste présent et à l’écoute.