C’était un samedi, nous venions de finir de manger, j’étais allée prendre ma douche.
Il devait être midi et demi. Sous la douche, mon mari hurle : « On va devoir partir, il y a le feu ».
Moi : « Je suis pleine de savon, je ne peux pas sortir comme ça ».
Je me nettoie, lui me hurle « On n’a pas le temps Émilie, ça brûle ». Je lui dis de prendre le chien.
Je prends un peignoir, je prends mon téléphone et je sors sur la terrasse. Mon fils avait le téléphone et appelé aussi.
Je prends le téléphone et je crie à la personne « on habite x, venez vite, il y a le feu ». L’homme est calme au tel, mais moi, un peu moins, je leur crie « vous m’avez entendu ?? Il y a le feu à X  » . Il me raccroche au nez…
Je sors demander à mon fils d’ouvrir aux poules (qui se trouvent à quelques centimètres du feu dans le poulailler).

Je retourne dans la chambre prendre les premiers habits que je trouve, les chaussures et on sort. Mon mari me crie de sortir les voitures. Je prends les clés, je sors, les voisins sont arrivés et calmes (heureusement) et nous disent qu’ils ont appelé les pompiers deux camions sont commandés, ils arrivent. Ils nous laissent sortir et on se gare un peu plus loin. Je coupe la route pour les gens pour qu’ils passent ailleurs. Les gens sont énervés, ils veulent absolument passer, malgré les flammes immenses que l’on voit de l’intersection.
Mon mari qui a sorti l’autre voiture, une étincelle est arrivée sur le capot, mais on a pu l’éteindre.
On revient vers la maison, le feu est immense, et se propage de plus en plus vite. Je pense à mes voisins où les pins ont pris feu, j’appelle leur fille, mais mon tel ne marche pas, je lui envoie un texto, pour la prévenir. Je ne vois pas ni entends mes voisins, je ne sais pas s’ils sont là… ça m’inquiète pour eux.
Mes poules, je les mets dans le jardin d’à côté, les canards ne souhaitent pas partir, mais se mettent à l’abri.
Mon chien est dans la voiture.
Là, je cours sur la route et je m’éloigne, mais en voyant le feu se propager, et nous impuissant…

Je retourne vers le feu et je m’arrête devant chez moi. Je crie à mon fils, « on n’a plus qu’une chose à faire pour ne pas perdre la maison, on doit maîtriser le feu, on se concentre ». J’honore ce feu, je lui demande de se calmer. J’ouvre les yeux, mon voisin sort le tuyau d’eau, et la poubelle en feu. Un signe.

La poubelle se trouvait sur notre terrasse devant l’entrée de la maison et devant notre bouteille de gaz. On entend une explosion, et je crie à mon mari « Les bouteilles de gaz ». Il va les chercher, on ressort de chez nous. L’explosion venait d’un autre voisin. 

Nos voisins de quartier ont tous pris leur place naturellement. Ils sont calmes, et nous, on a les yeux rivés sur le feu, on ne réfléchit pas trop…
Des voisins vont aller faire la circulation des deux côtés pour que les voitures ne passent pas. D’autres vont nous aider, d’autres encore, me voyant en manche courte et ne sachant pas si on pourra rentrer chez nous vont nous proposer de venir boire le café chez eux.

Le feu a brûlé toute une haie chez deux de nos voisins et un cabanon avec tout le matériel (vélos, …)  et deux majestueux pins. 

Nous ? Mis à part la poubelle jaune, les quelques cendres qui volaient et ont fait des trous sur nos chaises, bâche de protection des poules, arrosoir, et trampolines. On a rien.. Le poulailler dont les branches brûlaient juste au-dessus, n’a rien eut.

J’ai remercié le feu, remercié l’univers, et j’ai été dans un état de gratitude toute la journée et le lendemain aussi.

La pluie est arrivée le soir, le feu aurait pu recommencer, mon terreau fumait. J’étais contente de voir que l’univers nous était venu en aide. 

Les voisins qu’on ne voit jamais, j’ai toujours été vu comme la fille bizarre. Les gens ont peur des personnes bizarre, cependant, ils étaient tous présents pour nous aider. Je les ai remercié chacun pour leur aide, et chacun est rentré chez soi après que les pompiers aient tout éteind. 

Lorsque le feu était présent, mon mari, mon fils et moi, on était rivé sur le feu. Les voisins eux, ont su gérer calmement les choses. Un de mes voisins a sans doute sauvé ma maison en sortant la poubelle qui se trouvait sur notre terrasse près de la maison mais surtout près des bouteilles de gaz.. 
Grâce à ce voisin qui a éteind le feu de notre poubelle avec notre tuyau d’arrosage, j’ai récupéré le tuyau pour éteindre les petits feux qui s’allumaient à cause des brindilles. 

Au début, lorsque je me suis approchée du feu avec mon tuyau d’arrosage, le voisin qui gérait l’arrivée des pompiers, m’a dit « non n’avance pas, ça sert à rien ». Je lui ai répondu : « je fais mon travail de colibri, ça sert à rien, mais je le fais quand même ». J’avais l’image de l’histoire du colibri. 

 

 

L’histoire du colibri

Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »

Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »

Mon tuyau était petit, mais il a sans doute contribué à ce que le feu ne s’étende pas près de chez moi. J’ai fait ma part de colibri.

L’univers envoyé un signe.

Mon fils n’a pas été traumatisé plus que ça, il avait agi avec moi. Mon mari a eu pas mal peur, il avait demandé l’aide de St Michel. Le feu s’est calmé après nos demandes, je l’ai vu direct.
Je me suis posée la question « que souhaitait nous dire l’univers à moi et aux voisins touchés ? ». Pour les voisins, eux seuls le savent. Pour nous, c’était qu’il nous suffisait de demander pour obtenir. J’ai même dit à mes voisins que j’avais demandés au feu et mon mari à St Michel pour que le feu ne se propage pas. Vu que j’ai toujours été prise pour une personne bizarre, par des gens qui ne me connaissent pas, je leur ai donné une preuve de nos demandes exaucées. Si un jour, ils y repensent, peut-être demanderont-ils à leur tour ? Qui sais. J’ai fait ma part.

Peu importe la religion, personnellement, j’ai demandé directement au feu. Mon mari a demandé à St Michel. Peu importe, l’important, c’est de demander de l’aide et l’univers nous exaucera. Nous ne sommes pas seuls, nous ne sommes jamais seuls.