L’affaire de Mazan fait grand bruit. J’habite à 5 km de Mazan, une petite ville assez calme jusqu’au mois de novembre 2020.
Nous avions bien sûr entendues lorsqu’il y a eu arrestation d’un homme à Leclerc qui filmait sous les jupes des filles. J’allais à ce Leclerc régulièrement, et je pense l’avoir croisé un jour, assis sur un banc. Il n’aurait jamais pu avoir grand-chose de ma part, je mets toujours des caleçons sous mes jupes. Au collège, les garçons adolescents, faisaient mine de faire tomber quelque chose par terre, pour voir sous les jupes des filles. Depuis, j’ai toujours mis des caleçons, court ou long. 

Les femmes qui ont porté plainte, sont des femmes qui ont sans doute sauvé la vie de Gisèle. 

Si je fais cet article, c’est pour le côté psychologique et psychogénéalogique de cette affaire. 

J’ai lu ce livre, que vous trouverez sur Amazon format kindle: https://amzn.to/3Bt7VS5
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Les faits

Une famille sans histoire, la famille Pélicot. Gisèle la femme de Dominique Pélicot depuis plus de trente ans. Les enfants Thomas, Caroline et Julien. Les enfants sont mariés et ont leur vie de leur côté.
Gisèle et Dominique habitent Paris et vers 2013, ils descendent vivre dans le Sud. Leur maison accueille régulièrement leurs enfants et les amis. Leur vie est parfaite sous tout rapport.

Gisèle a des pertes de mémoire, se plaint de problèmes gynécologiques, est souvent ailleurs. Les enfants s’en inquiètent, elle subit une batterie d’examen, mais tout est normal. Le père lui ne s’inquiète de rien et rassure régulièrement les enfants. Le changement de vie, le stress,. Tout est excuses aux absences de Gisèle.

En septembre 2020, Dominique se fait arrêter par des Vigiles, qui le surprennent en train de filmer sous les jupes des femmes. Les vigiles vont pousser les femmes à porter plainte. Ils récupérent le téléphone de Dominique et appelent la police. Dominique, dépourvu de son téléphone, ne pourra pas effacer les vidéos des abus de sa femme. Il aura une audience en novembre 2020. Dominique ne sait pas que la police a trouvé des vidéos. Il parlera à sa femme de l’arrestation et l’audience, mais en minimisant les faits et s’excusant de ce qu’il a fait.

En novembre 2020, Pendant la garde à vue de Dominique, la police téléphone à sa femme, lui posant des questions sur son mari. Elle louera son mari, ce qui prouvera aux policiers que Gisèle ne connait pas son mari. La police lui montrera les vidéos où elle figure. Les enfants seront ensuite avertis et soutiendront leur mère.

Le livre, raconte la descente aux enfers de cette famille sans histoire avant le drame. Il raconte surtout la psychologie de la fille, son incompréhension, sa dissociation et celle de sa mère, l’emprise de cet homme sur elles.

Les traumatismes

Gisèle aura le traumatisme au moment de la vision des photos que lui montre les policiers. Je suppose qu’elle se dissocie, car son comportement, semble être à part. Elle n’a aucune empathie lorsque sa fille découvre que son père a pris des photos d’elle, dans une culotte et un débardeur qu’elle ne connaît pas. Elle n’a aucune réaction, elle reste calme, sans colère, sans tristesse, sans déni. Elle semble être restée au moment de l’annonce de la perversité de son mari.

Caroline au début avec force soutient sa mère. La police l’appelle, lui montre une photo de femme, qu’elle ne reconnaît pas au début. La police lui montre le grain de beauté, elle panique et se reconnaît.
Caroline va suivre, malgré elle, les étapes d’un traumatisme. Devant la police, elle tombe à la renverse. La police appelle son frère, qui l’aide à se calmer. Première erreur, le corps instinctivement lors d’un traumatisme, doit passer par des pleurs et des tremblements. Stoppé, le travail, entraîne des complications dans le corps ou des réactions plus vive. C’est ce qui arrivera, elle refera une crise plus tard dans la maison de ses parents, les pompiers la calmeront en lui donnant un calmant. La troisième fois, ça sera chez elle, où son mari n’aura d’autres choix que de la faire interner. L’hôpital psychiatrique, la sédatera ce qui accroîtra son traumatisme. Son père l’ayant drogué pour prendre les photos.
Il est malheureux qu’en 2020, le personnel soignant ne soit pas formé aux traumatismes.

J’explique dans un article comment sortir du traumatisme, c’est impressionnant, mais naturel : https://emiliespirit.fr/somatic-experiencing-de-peter-levine-ou-comment-sortir-dun-trauma/

Pour Gisèle, au vu de son âge, et des substances qu’elle ingurgitait à son insu, guérir son traumatisme aussi rapidement aurait peut-être été dangereux pour elle. Il était préférable qu’elle ne l’ait pas fait à l’annonce de la police.

L’emprise

Dominique a une emprise sur sa femme et sa fille. Avant l’arrestation, Caroline sa fille, n’en avait pas conscience. Après la découverte, elle prend conscience de l’emprise de son père.
Au moment du déménagement de Gisèle, sa fille voit un tableau fait par son père, d’une femme nue. Elle prend le tableau et le casse dehors. Derrière le tableau, est écrit « emprise ». Il avait mis dans la maison, des indices.
Sa femme n’avait jamais douté de lui, elle l’aimait. Lui a toujours été exemplaire auprès de sa femme.
Ses enfants n’ont jamais rien vu, ou peut-être des choses par-ci par-là. Comment pouvaient-ils penser l’impensable ?

Après l’arrestation, Gisèle va recevoir des lettres de son mari. Elle va lui amener des habits, va être peinée pour lui. Elle se remettra en question. Cela mettra sa fille Caroline hors d’elle, car de son côté, elle a avancé dans son traumatisme. Sa mère non. Caroline est sortie de l’emprise de son père, sa mère est encore au début du processus du deuil et du traumatisme. Step by Step, un pas par étape, doucement.

Une autre femme a été violée et abusée par Dominique, sous médicament. Elle ne portera pas plainte ni contre Dominique, ni contre son mari qui l’aura livré. Cette femme sous emprise, préférera se taire.

Le profil de Dominique est intéressant, car les lettres qu’il envoie, sont empreintes de plaintes, de pardon, et mielleux.
Dès qu’il est pris en flagrant délit, il s’excuse et explique qu’il est mal. Il demandera à sa famille de lui venir en aide car il va mal. Il parlera de Gisèle comme de l’amour de sa vie, pour attendrir la personne qui lira. Il ira même jusqu’à demander à sa fille de se taire. Les lettres sont tournées de manière chaleureuse. Il ne fait que se plaindre, de tout ce qui lui arrive, de la prison, du manque de contact avec sa famille. Il souhaite qu’on ait pitié de lui. Il ne demande pas de nouvelle de sa famille, comment vont ses enfants ? Sa femme ?

Il n’est pas mentionné s’il est suivit par un psychiatre dans la prison. Cela aurait été intéressant de le savoir. 

 

Psychogénéalogie.

Caroline est une femme qui comprend l’impact de la faute de son père sur sa famille.
Elle s’inquiète pour son fils, et le fera suivre psychologiquement à sa demande.
Elle et sa mère sont suivies depuis le début de l’annonce.

Elle se rappelle de comment était son grand-père, le père de Dominique Pelicot.
Ce grand-père et sa grand-mère paternels, étaient famille d’accueil.
Le grand-père avait une emprise sur la grand-mère, à sa mort, il s’est marié avec une des filles que le couple avait accueilli chez eux. La jeune fille, avait été manipulée dès le début dans cette famille. Sous emprise, elle était rabaissée, insultée par ce grand-père. Caroline ne comprend pas pourquoi son père l’envoyait là-bas tous les étés.

Caroline se souvient et sait que la perversité de son père et son grand-père envers les femmes, pourrait nuire à son fils. Elle souhaite briser ce schéma, cette histoire familiale. Son père n’est rien de moins que le fils de son grand-père.

Une force

Caroline, malgré cette épreuve particulièrement difficile, va décider de s’en sortir en aidant d’autres femmes. Pour qu’une chose négative, en ressort du positif, pour elle, pour son fils et sa famille. Elle aide d’autres femmes et s’est jointe au collectif Re#start. C’est un collectif qui créait. des maisons des femmes, et travaille conjointement avec la police et les professionnels de santé. Pour une meilleure prise en charge des femmes. Elle a aussi créé une association, « M’endors pas, stop à la soumission chimique »: https://mendorspas.org/

Les enfants, Caroline et ses frères, ainsi que le mari et les belles-sœurs font front, se soutiennent et soutiennent Gisèle.
Pour que, comme le mentionne Caroline, la honte change de camp. Les femmes n’ont pas à avoir honte de la façon dont on les maltraite, la parole est libérée.

En constellation familiale. 

Le procès et la justice, permettront à chacune des personnes concernées par cette histoire, de tourner la page. 
Cela permettra aussi aux accusés, d’être jugé. Leur jugement, permettra à leur descendance d’être libéré. Pour certains, cela leur fera prendre conscience de leurs actes. 

 

 

Le livre

Le livre est une libération de parole pour Caroline, et un vrai outil thérapeutique pour les psychothérapeutes. Une victime s’exprime, et nous pouvons comprendre, voir les étapes du traumatisme, du deuil aussi de l’intérieur. Une séparation que ce soit de couple ou de parents enfants, passe par les mêmes étapes qu’un deuil. 

Bravo à Caroline pour son courage d’avoir raconter.
Bravo à Gisèle pour sa force d’affronter.
Bravo à ses fils et ses belles-filles et son gendre pour le soutiens et leur plainte auprès de la justice. 
Bravo aux petits enfants, et surtout au fils de Caroline d’avoir pris la décision de voire un thérapeute.

Cette affaire, permettra, je pense et j’espère, une avancée dans la prise en charge des violences.
Peut-être, cela permettra à certaines femmes de comprendre ce qu’est la soumission chimique. Peu connu, Caroline décrit très bien dans son livre, les symptômes de cette soumission.
Si certains professionnels de santé, lisent ce livre, ils pourront peut-être diagnostiquer une soumission chimique et demander de plus amples examens.
Cette affaire fait grand bruit, au grand dam des familles, j’espère que ce grand bruit, en fera sortir les sons merveilleux d’une évolution. Il est important de transmuter le négatif en positif.