Je fais cet article en Hommage au druide Korrigan Ar Cerridwen, parti bien trop tôt, il y a un mois. C’est l’un des druides qui m’a initié Marcassin et Barde. Il avait été initié druide il y a cinq ans, et il y a quatre ans avait fait son premier rituel.

Le collège Ura dans lequel je suis, qui se trouve quelque part en Vaucluse, comptaient trois druides lorsque je suis arrivée.
Peu de temps après, la druidesse plus âgée subit un AVC. Je raconte son sauvetage ici : https://emiliespirit.fr/deroulement-du-sauvetage-de-milene/
Puis l’autre druidesse eu une maladie grave qui l’éloigna un temps des rituels.

Laissant Korrigan Ar Cerridwen seul à la barre.
Avant, les rituels de jours étaient fait par Korrigan, et les rituels de nuit par l’une des deux druidesses. L’autre faisant la grande prêtresse dans les rituels de jour comme de nuit.

Le cercle druidique n’a pas d’autre choix que de s’adapter aux différents changements passé, présent et à venir. 

Le druide Korrigan Ar Cerridwen

Le rôle d’un druide est d’être le gardien de la connaissance. Il transmet aussi son savoir. La spécialité de Korrigan était l’écriture, il avait notamment écrit un livre. D’ailleurs, si vous souhaitez connaître un peu les druides, « Le Corbeau et la Lune » est un livre initiatique. Il y a plein de références. J’avais beaucoup aimé son livre que je recommande pour mieux comprendre la philosophie de vie des druides.

Bien sûr, on ne vit pas d’être druide, il avait un métier. Il était facteur, un très bon facteur, n’ayant jamais manqué un jour de travail. Ce qui fait qu’il était bon dans son activité, il aimait son travail, quand on aime, on ne peut que faire de son mieux.
Il aimait sa famille de sang, frères et sœurs, et neveux, et nièces, dont il nous parlait régulièrement. Mais aussi sa famille druidique et son groupe de yoga. Il avait plein d’activités dans lesquelles il mettait son énergie.

Il fut le premier à m’avoir accueilli parmi les druides, en m’ouvrant littéralement les bras. Oui, Korrigan avait cette particularité, accueillir les gens les bras ouverts. Dès qu’il disait bonjour, ses grands bras nous entouraient d’amour. De l’amour, il en avait à revendre. Il était atypique, tout comme son physique, grand de taille, grand bras.

Ses Rituels druidiques

Ses rituels étaient toujours énergétiques. Les puissances invoquées nous font signe. Pour Korrigan, chacun de ses rituels étaient survolés par un Aigle. L’élément Air, le grand Aigle s’élevant dans l’air pur et doré. Ce n’est pas pour rien que lors du rituel pour notre au revoir, la plume s’est envolée, tu nous montrais ta présence. Quand les druidesses étaient présentes, il faisait les rituels de jours, et les druidesses les rituels de nuit. Le jour étant associé au masculin et la nuit au féminin. Il menait ses rituels d’une main de maître, prévoyant tout ce qu’il fallait, y compris pour le feu, pour que le maître du feu puisse l’allumer. 
Aujourd’hui, tu es là, bien présent, même si ton physique n’est plus. 

Avant et après les rituels

Le jour des, rituels, nous venions avant pour faire cours. Il nous faisait cours, avec certains cours qu’il avait créé pour transmettre son savoir. Lorsque nous avons été initiés Barde, lui et la druidesse se sont concertaient pour nous trouver notre nom de barde. Il était présent pour mon initiation Marcassin et Barde, comme pour mes frères et sœurs.
Les druides étaient importants pour lui, les rituels, les invocations.

Il avait appris la harpe et jouait pendant la méditation, à sa façon bien à lui. Un jour, il nous dit « Je joue comme assurancetourix », et on a rigolé, c’était vrai, mais c’était Korrigan. Nous l’aimions pour ce qu’il était, ce qu’il dégageait.

Avant les rituels de jour, nous mangions tous, la famille druidique et les invités. Il savait accueillir les invités, il leur parlait du druidisme, leur disait comment intégrer le cercle. Il était passionné. C’était lui qui se chargeait de présenter le cercle et la philosophie druidique. Les soirs d’hiver, près du feu dans le cabanon, il nous racontait des blagues, peu de personne pouvait voir ces soirées. C’était un humoriste à sa façon, qu’est ce que j’ai ri en sa compagnie. Il avait sa facette druidique et rituel, et sa facette avec des blagues que seul lui pouvait faire.

Rituel du départ

Il a une famille extraordinaire. À sa mort, sachant la place que les druides avaient dans sa vie, ils nous ont invités pour faire le rituel pour son enterrement. Sa famille, ses frères et sœurs nous ont accueillis avec tellement de gentillesse et d’amour.
Nous avons fait la connaissance de son groupe de yoga, qui était aussi sa famille.

Je me souviens en décembre, quand nous faisions notre baume de gui. Nous étions tous les druides, bardes et marcassins en train de nous afférer à préparer ce baume. Entre plaisanterie et sérieux, tu me dis « Émilie, j’ai entendu parler de toi en bien par ma prof de yoga. » J’ai été étonné, tu m’as donné son prénom, mais je ne la connaissais pas. Comment pouvait-elle savoir que mes constellations familiales étaient bien ? Tu m’as dit « elle a entendu parler de toi ».
Et c’était tout… j’étais sur ma faim.

Lors de ton enterrement, elle est venue vers le cercle druidique, venant dire bonjour à notre kinésiologue. Nous nous sommes présentées, et quand elle m’a vu, elle m’a dit « j’ai entendu parler de toi ». Je lui ai répondu : « Il parait, Korrigan m’en avait parlé ». Je n’ai pas pu trop parlé ce jour-là, trop d’émotion, mais j’ai pensé « Ta famille, ta prof de yoga que tu aimais beaucoup, et nous, on se retrouvait dans ces conditions. Cela aurait tellement merveilleux si c’était pour ton anniversaire, ou un rituel druidique où nous acceptions tout le monde. Ou bien un autre événement. Mais non, même dans ta mort, tu as su réunir les gens. Tu aurais fini par me la présenter ta prof de yoga… »

Le rituel de ton départ fut à ton image, extraordinaire, entre le vent qui se lève et fait tomber ta photo, et s’envoler la plume, et les personnes qui sont passées pour dire à quel point tu allais nous manquer. Le plus émouvant reste tes frères et sœurs qui sont passés pour lire des textes de ton livre. Ton enterrement, et l’endroit où tu es, sont merveilleux, tu vas être tellement bien. Ton enterrement fut le déblocage de mes larmes, qui coulèrent énormément ce jour-là, sur le chemin.
Aujourd’hui, les larmes ont fait place à la nostalgie et aux sourires de nos souvenirs.

Sans lui

En son honneur, nous avons décidé de mettre un objet dans nos rituels. Il est toujours présent, montrant qu’il est là avec son humour décapant. Depuis que je suis dans le cercle, il n’a jamais plut. Il pleuvait avant ou après, mais jamais pendant. Ceux qui sont présent depuis bien plus longtemps que moi, m’ont confirmé que même avant ma présence, il n’avait jamais plut. Le premier rituel qu’on a fait sans lui physiquement, était le rituel auquel il tenait le plus, car c’était le jour de son anniversaire. Quand on a invoqué l’eau, il s’est mis à pleuvoir. Puis nous avons invoqué le dieu du tonnerre et le tonnerre grondait. Nous avons rigolé, nous savions que c’était lui, qui se marrait de nous envoyer ces signes. Il nous avait dit qu’un jour, il avait fait un rituel ailleurs en France, et au moment de l’invocation de l’élément eau, la pluie était tombée. Il avait voulu nous montrer qu’il était là. Nous avons fini avec nos saies trempées, mais tellement heureux de voir qu’il était toujours là, présent.

Sa perte a été bouleversante pour nous tous, sa famille druidique, et nous allons devoir nous réorganiser. Continuer sans lui, sans ses rituels, sans ses cours, sans ses blagues, mais avec sa présence et ses signes que nous seuls pouvons comprendre.

Je lui rends hommage, car lui comme tout le cercle druidique a changé ma vie, en bien mieux que je n’aurais pensé. Et chaque fois que je brûlerais du romarin, je penserais à lui…

Merci à toi Korrigan d’avoir été sur mon chemin spirituel et de m’avoir guidé et montré le chemin.