Redécouvrir la douceur du quotidien : pourquoi le mouchoir en tissu n’a rien d’un retour en arrière, mais tout d’un retour à soi.

Dans ma maison, les mouchoirs en tissu font partie du quotidien. Étant thérapeute, j’ai pris l’habitude d’en avoir toujours sous la main. J’achète encore des mouchoirs jetables pour les personnes que j’accompagne, mais pour ma famille comme pour moi, c’est le tissu qui prime. J’aime ce qui dure, ce qui se transmet, ce qui a une histoire.

L’autre jour, une amie de ma fille lui a demandé :
« Mais… vous êtes si pauvres que ça que vous utilisez des mouchoirs en tissu ? »

Cette remarque m’a fait sourire.
Encore aujourd’hui, au XXIᵉ siècle, certains voient le mouchoir en tissu comme un signe de manque. Pour moi, c’est tout l’inverse.
Nous ne sommes pas riches, certes, mais nous faisons des choix conscients. Nous ne dormons pas sous les ponts — nous avons simplement choisi la douceur et la durabilité plutôt que le jetable. Et si prendre soin de soi commençait par les objets que l’on choisit de toucher chaque jour ?

Un souvenir d’enfance qui a changé ma manière de faire

Un geste simple, hérité et vivant : le mouchoir en tissu comme fil entre les générations.

Quand j’étais enfant, j’utilisais comme tout le monde des mouchoirs en papier. Et quand arrivait l’hiver, avec les rhumes à répétition, mon nez finissait toujours irrité, rouge, brûlant. Le froid accentuait la douleur, c’était insupportable.

Alors, lorsque mes enfants sont nés, j’ai ressorti les mouchoirs en tissu de ma grand-mère paternelle. Une femme que je n’ai jamais connue, mais dont je porte le prénom. Ses mouchoirs sont brodés de ses initiales… qui sont aussi les miennes aujourd’hui. Un petit héritage du quotidien, mais chargé de présence et de tendresse. « Ce n’est pas un mouchoir que je porte dans ma poche,
c’est la douceur de celles et ceux qui m’ont précédé. »

À la maternelle, je me souviens des boîtes de mouchoirs qui se vidaient en quelques semaines, et des nez rouges de tous les enfants.
Je ne voulais pas cela pour mes enfants.
Et je n’en ai jamais revu chez eux : avec le tissu, fini les irritations, fini les nez à vif.

La douceur, l’hygiène, la logique

Un mouchoir en tissu, c’est beaucoup plus agréable.
Il est doux, il ne gratte pas, il ne brûle pas.
Et côté hygiène, c’est très simple : on le lave à 60° et tout est propre.

Lors d’un gros rhume, on en utilise plusieurs dans la journée, bien sûr. C’est pour cela que, au fil des années, j’en ai racheté pour que chacun en ait suffisamment.

Et puis il y a quelque chose d’important pour moi : avec du tissu, personne ne laisse traîner son mouchoir. On le garde avec soi, on y fait attention. Alors que les mouchoirs en papier… on les voit souvent abandonnés sur une chaise ou une table. Ce n’est ni joli, ni hygiénique. Revenir au tissu, c’est choisir la tendresse : douceur pour le nez, douceur pour la planète.

Les mouchoirs ont une histoire

Dans les films anciens, on voit l’homme tendre son mouchoir à une femme qui pleure.
Ou encore la scène du mouchoir délicatement laissé tomber pour attirer un regard.

Le mouchoir en tissu a toujours eu une dimension symbolique, presque affective.
Chez moi, certains viennent de ma grand-mère, d’autres ont les initiales de mon père, d’autres encore ont les miennes. C’est une continuité, une trace, un lien.

Et d’un point de vue écologique, c’est imparable :
Ces mouchoirs ont plus de 60 ans… et ils servent encore.
Quel objet du quotidien jetable peut en dire autant ?

Le mouchoir en tissu : l’écologie du cœur, là où la douceur rencontre la conscience.

Écologique, économique, sain

Quand le quotidien devient rituel : se moucher avec respect pour soi, pour les ancêtres et pour la Terre.

  • Écolo : lavable, réutilisable, pas de déchets.

  • Économique : on achète une fois, et ça dure des années.

  • Confortable : finit les nez rouges, douloureux et irrités.

  • Hygiénique : le tissu retient mieux, ne traverse pas, et se plie facilement.

Et puis… je n’aime pas sortir la poubelle.
Avec le tissu, même pendant un rhume, la poubelle ne se remplit pas.
Et ça, c’est un plaisir simple mais réel.

Un rêve simple

Un jour, j’aimerais que lors des journées de constellations familiales, chacun vienne avec son mouchoir en tissu.
Ce serait beau.
Un geste doux, intime, personnel.
Un symbole de soin envers soi-même et envers le collectif.


Le mouchoir en tissu, ce n’est pas être « pauvre ».
C’est revenir à la douceur.
C’est choisir la tendresse plutôt que le jetable.
C’est honorer ce qui traverse le temps.
C’est prendre soin — du corps, de la mémoire, et de la Terre.
La tendresse se transmet dans les gestes simples. Un mouchoir en tissu, c’est une mémoire qui respire et qui console

Quand on prend soin de ce qui nous touche, on commence à prendre soin du monde.