Depuis plusieurs mois, j’accompagne des personnes touchées par une addiction à l’alcool. Bien souvent, celle-ci s’accompagne de la dépendance à la drogue, mais heureusement pas toujours. L’addiction prend de nombreuses formes, et aucune n’est “simple” à arrêter. On ne dit pas à une personne dépendante : “Arrête, il suffit de vouloir.” Cela ne fonctionne pas ainsi, ce serait trop facile.
Comme Gabor Maté, je ne considère plus l’addiction comme une maladie, mais comme une réponse profonde à une douleur émotionnelle, consciente ou non. L’addiction n’est pas un manque de volonté : c’est un mécanisme de survie.
On boit pour tenir debout.
On boit pour anesthésier une douleur.
On boit pour oublier ce que l’âme n’arrive plus à porter seule.
L’addiction n’est pas une maladie mais un cri du cœur, une manière d’apaiser une blessure ancienne — parfois personnelle, parfois familiale, parfois transmise de génération en génération.
 🧬 Quand l’alcool appartient à l’histoire familiale
Dans une famille, l’alcool laisse des traces invisibles :
des silences, des colères, des chagrins, des mémoires honteuses.
J’ai moi-mĂŞme grandi dans un environnement oĂą l’alcool Ă©tait omniprĂ©sent… et pourtant, je ne l’aime pas. Je ne peux pas en boire. Je le ressens immĂ©diatement, mĂŞme dans un biscuit ou une pâtisserie. En constellations familiales, j’ai compris que cela venait de mon histoire familiale : un hĂ©ritage transgĂ©nĂ©rationnel liĂ© Ă l’alcoolisme.
En psychogĂ©nĂ©alogie, mĂŞme mon prĂ©nom le symbolise : Émi Lie, la “lie du vin”. En langage des oiseaux c’est très parlant.
Ne pas boire est devenu, inconsciemment, une façon d’honorer mes ancêtres touchés par l’alcool. Qui sait, si j’avais aimé l’alcool, aurais-je été vulnérable moi aussi ? Peut-être. J’en remercie aujourd’hui mes racines.
Avec les constellations familiales, j’ai compris :
c’était le souvenir d’un ancĂŞtre ayant eu des actes malveillant sous l’effet de l’alcool.
Ma manière d’honorer cette histoire, c’est de ne pas boire.
Chacun porte en lui des morceaux de son arbre généalogique.
Parfois, l’addiction n’est qu’une fidélité inconsciente à quelqu’un qui n’a jamais pu guérir.
L’accompagnement : un travail d’équipe
Aux personnes addictent Ă l’alcool, je leur dis toujours avec douceur et honnĂŞtetĂ© :
➡ “Une constellation seule ne suffira pas.”
➡ “Vous aurez besoin d’un soutien psychologique.”
➡ “Et surtout… vous aurez besoin de votre famille, amis, proche.”
L’addiction se traverse rarement dans la solitude.
Ce qui sauve, c’est l’amour : un regard, une présence, un proche qui dit
“Je suis là , je t’abandonnerai pas.”
Les constellations familiales permettent de mettre en lumière ce qui, dans le système familial, nourrit l’addiction :
-
exclusions,
-
secrets,
-
traumas : personnel, familial, transgénérationnels,
-
loyautés invisibles,
-
douleurs anciennes non reconnues.
- MĂ©tier de marin.Â
- Noyade, inondation ou souvenir en lien avec l’eau.
Elles permettent de comprendre d’où vient ce besoin de boire, à qui ou à quoi on reste loyal, quel manque on tente de combler.
C’est un chemin de vérité.
Mais la constellation n’est qu’un levier de conscience. L’accompagnement autour — cure de désintoxication, psychologue, médecin, proches — est essentiel. L’addiction se traverse rarement seul : le soutien est un pilier majeur de la guérison.
Vivre entourée d’alcool : mon expérience personnelle
Mon mari boit de l’alcool. Je lui ai demandé plusieurs fois d’arrêter ; il n’en avait pas envie. En revanche, il a accepté de réduire et de passer au “sans alcool”. Depuis, nous achetons bières, vins et boissons sans alcool, ce qui nous permet — surtout pour nos enfants et moi — de partager les moments festifs sans être exposés à l’alcool.
D’ailleurs depuis qu’il a rĂ©duit l’alcool, mon mari est moins enclin Ă avoir des pensĂ©es nĂ©gatives, et il se sent plus en forme. Â
Grâce à cette expérience, je peux proposer aux personnes que j’accompagne une stratégie de transition :
✨ remplacer l’alcool par du “sans alcool” lorsque l’envie est trop forte.
Cela permet de conserver les habitudes sociales et le rituel du verre… sans les effets de l’alcool. Et pour beaucoup, c’est déjà un immense soulagement.
Les fĂŞtes approchent, et nombreuses sont les familles qui disent :
“On ne peut pas faire Noël sans alcool !”
Si, on peut.
Et on peut mĂŞme remplacer les bouteilles par leur version sans alcool — tout le monde profite, et ceux qui sont en sevrage ne vivent pas une Ă©preuve supplĂ©mentaire. Et ceux qui n’aiment pas l’alcool ne se sentent pas Ă l’Ă©cart. Nous pouvons aussi dire « Ce vin sans alcool est très bon, fruitĂ©, …  » Cela change des sempiternelles boissons gazeuses.Â
🍷 L’alcool n’est jamais juste un “verre”
On m’a souvent dit :
“Allez, bois un peu, ça détend !”
“Tu gâches la fête si tu ne bois pas !”
Mais derrière ces phrases légères se cachent parfois des réalités plus lourdes :
-
des blessures,
-
des secrets,
-
des soirées où tout dérape,
-
des mots qui dépassent la pensée,
-
des gens qui conduisent alors qu’ils ne devraient pas,
-
des familles qui souffrent en silence.
Je suis passée par là .
Je sais ce que c’est d’être la seule sobre dans une pièce où tout part dans tous les sens.
Ce n’est pas “ne pas être drôle”. C’est être consciente.
Nous vivons dans une société où l’alcool est partout :
fêtes, repas, sorties, enterrements de vie de jeune fille, anniversaires, vacances…
J’ai vécu des situations où la seule boisson disponible était de l’alcool. Une journée entière sans pouvoir boire d’eau, jus de fruit, ou de soda. Et lorsque j’osais dire que quelqu’un buvait avant de conduire, on me répondait :
“Émilie, tu gâches la fête…”
En réalité, j’étais simplement la seule à rester sobre… et donc à voir ce qui se passait.
J’ai vu des personnes se dénuder sans s’en rendre compte, des disputes, des paroles blessantes “qui sortent sous l’effet de l’alcool”, des comportements dangereux.
Ce n’est pas de la fête, c’est une fuite.
Ceux qui boivent beaucoup sont souvent des personnes qui souffrent :
ils cherchent à oublier… mais quoi ?
Un vide, une blessure, une histoire douloureuse, parfois transmise depuis plusieurs générations.
🜂 L’hydromel, le seul alcool que je bois : une médecine sacrée
Quand je dis que je n’aime pas l’alcool, ce n’est pas totalement vrai. Il existe une exception, unique, profondément spirituelle : l’hydromel, ce que nos anciens appelaient l’alcool des Dieux.
Je ne le bois que pendant les rituels druidiques, et toujours en une seule petite gorgĂ©e. Soit une gorgĂ©e tous les mois et demi/deux mois. Et c’est une gorgĂ© bĂ©nit par le rituel.
L’hydromel n’est pas un “alcool festif”, c’est une offrande.
Une manière d’honorer le sang du soleil :
-
l’abeille, du règne animal,
-
le pollen et les fleurs, du règne végétal,
-
l’eau,
-
la fermentation, tous les élémentaux.
-
et tout ce cycle mystérieux de transformation qui existe depuis la nuit des temps.
Il est bénit pendant le rituel, et le boire, même symboliquement, c’est reconnaître ce que le soleil donne, ce que la Terre crée, ce que les anciens savaient déjà :
certaines boissons ne sont pas faites pour s’enivrer, mais pour se relier.
Pour moi, l’hydromel n’a rien à voir avec l’alcoolisme.
C’est un geste sacré, un lien à mes traditions druidiques, une goutte de lumière que l’on partage avec respect.
Je n’ai aucune obligation de le boire pendant le rituel, je peux juste honorer le soleil et laisser le verre plein. Mais si c’est le seul alcool que j’aime, c’est sans doute pour une raison, c’est un signe selon moi. Cela ne me viendrais jamais Ă l’esprit de le boire en dehors des rituels.Â
Alcool et constellations familiales
Lors des journées de constellations, et même pendant ma formation certains arrivaient avec des boissons alcoolisées.
Ma formatrice comme moi même expliquions : pendant une journée constellation, on ne boit pas.
Il est indispensable d’être totalement prĂ©sent, conscient, reliĂ© Ă ce qui se joue. Cela ne m’est jamais arrivĂ©, mais c’est arrivĂ© Ă ma formatrice que l’alcool ait entrainĂ© des problèmes de comportement pendant une constellation.Â
Mais vous savez quoi ?
Même sans alcool, les participants passent des journées magnifiques, profondes, intenses.
Ils rient, ils pleurent, ils partagent… dans leur Ă©tat naturel. Cela leur plait et ils reviennent. J’autorise les jus de fruits, boissons gazeuses,…
 Changer sans tout bouleverser : le sans alcool
Avec mon mari, nous avons trouvé un terrain d’entente : il a remplacé une grande partie de sa consommation par du sans alcool.
Et cela a tout changé.
Aujourd’hui, je conseille aussi cette transition aux personnes que j’accompagne.
Quand l’envie est trop forte, remplacer l’alcool par son équivalent sans alcool est une façon douce et réaliste de commencer.
Il existe aujourd’hui d’excellentes boissons sans alcool :
-
Bière sans alcool (Leffe, …)Â
-
Tourtel
-
PĂ©tillants sans alcool (mention spĂ©ciale pour les bulles de Ackerman Ă Saumur ! Listel, champomy,…)
-
Bonne Nouvelle (rosé, rouge, blanc — le blanc est délicieux)
- Les sempiternelles boissons gazeuses (Coca, orangina, fanta, sprite, shweppes,…)
🎄 La période des fêtes : un enfer pour certains
Les personnes qui tentent d’arrêter doivent affronter :
-
les repas familiaux,
-
les blagues,
-
les “allez, juste un verre”,
-
les bouteilles sur la table,
-
la tentation partout.
Changer les bouteilles par du sans alcool pour Noël ou les anniversaires peut sauver quelqu’un sans que personne ne perde le plaisir de la fête. Lorsqu’une personne a trop bu, tout le groupe devient responsable.
En soirée sans alcool, chacun l’est pour soi-même — et c’est déjà beaucoup.
Cela s’appelle la solidaritĂ© invisible.Â
Protéger ceux qu’on aime, c’est aussi protéger leur santé et leur sécurité.
Lorsque je disais que je n’aimais pas l’alcool, et donc je ne buvais pas, j’ai eu droit à « juste un verre pour goĂ»ter ». « Tu bois pas? mais pourquoi? T’aimes pas l’alcool? c’est bizarre ». Depuis une quinzaine d’annĂ©e pour Ă©viter ce genre de jugement, je dis : « Je ne bois pas d’alcool.  » On me demande pourquoi, je rĂ©ponds: « C’est interdit par ma religion. ». En règle gĂ©nĂ©ral, il y a un blanc, on me regarde et on insiste pas. Ceux qui me connaissent mieux, me demanderont  » c’est quoi ta religion qui t’interdit de boire de l’alcool? « . Ce Ă quoi je rĂ©ponds : « La religion oĂą je fais ce que je veux quand je veux ». Cela fait rire et dĂ©tend l’atmosphère, et finalement on ne me demande pas de boire.Â
Si vous vivez auprès d’un proche qui boit
Vous n’êtes pas responsable de sa consommation.
Mais vous pouvez :
-
proposer du sans alcool,
-
adapter les moments festifs,
-
réduire la pression sociale,
-
soutenir sans juger.
🔥 Les constellations : remettre l’ordre dans ce qui crie
Dans une constellation familiale, on découvre que l’alcool :
-
prend parfois la place d’un absent,
-
remplit un vide laissé par un deuil,
-
compense une injustice,
-
apaise un traumatisme oublié,
-
exprime une loyauté familiale :
“Moi aussi, je bois, comme toi.” - Permet d’oublier.
La constellation ne juge pas.
Elle révèle.
Elle redonne sa place Ă chacun.
Et très souvent… elle apaise.
🌞 Vers un chemin plus doux
Je terminerai par ceci :
L’alcool n’est pas un ennemi.
C’est un messager.
Il montre qu’une partie de nous appelle à être vue, reconnue, aimée.
On peut changer.
On peut transmettre autre chose Ă nos enfants.
On peut célébrer, partager, vivre et rire… sans se perdre.
Si vous ou un proche traverse une addiction, je peux vous accompagner avec douceur, respect et profondeur, dans ce chemin vers la liberté.