J’ai toujours aimé la compagnie des personnes âgées. Leur sagesse, leurs histoires, leur résilience m’ont toujours profondément touchée. Beaucoup ont connu la guerre – la Seconde Guerre mondiale, l’Indochine ou l’Algérie – et portent des mémoires silencieuses, puissantes, proches de ce que l’on rencontre en constellations familiales.
C’est lors de ma rencontre avec Mylène que quelque chose s’est ouvert. Après lui avoir sauvé la vie, j’allais la visiter régulièrement à l’EHPAD. Je voyais ces personnes âgées attendre, parfois toute la journée, à l’entrée de l’établissement… espérant simplement voir quelqu’un, entendre une voix, ressentir une présence.
Au fil du temps, j’ai appris à connaître certains d’entre eux. Les visites rendaient Mylène heureuse : la solitude lui pesait. Puis un jour, j’ai décidé de laisser Mylène retrouver pleinement sa famille et ses enfants.
L’histoire avec Mylène: https://emiliespirit.fr/milenemonamiedruidesse/
L’appel de l’accompagnement et la découverte de Jalmalv
Il y a un an maintenant, je suis tombée sur une publicité de l’association Jalmalv, qui accompagne les personnes malades et en fin de vie. J’ai senti un appel intérieur. Je les ai contactés, et j’ai été mise en relation avec la présidente de l’association du Vaucluse, qui, par chance, habitait tout près de chez moi.
En décembre, elle m’a rappelé pour fixer un rendez-vous début janvier. Cette rencontre servait à évaluer si j’étais apte à accompagner une personne malade, mais aussi à me présenter l’association et son fonctionnement. Avant de pouvoir accompagner qui que ce soit, il fallait suivre une formation progressive de plusieurs mois. Je l’ai débutée au printemps et finalisée en novembre.
Une formation profonde, humaine et transformatrice
Nous n’étions qu’un petit groupe de six. Le premier module était surtout introductif, mais c’est lors du module consacré aux émotions que nous nous sommes véritablement rapprochées. Deux jours intenses, profonds, où chacune a partagé son histoire. Notre lien s’est renforcé au fil des modules suivants.
Un groupe soudé par les émotions et le partage
La formation se déroulait chez un membre de l’association. Il nous confia un jour que la seule difficulté qu’il avait eue, c’était… l’absence totale de notes ! Chaque intervenant nous formait dans l’instant, spontanément. Ils s’adaptaient aux groupes, ils avaient un fil conducteur et les cours se faisaient en fonction de la dynamique du groupe. Ils n’avaient donc pas de note, sauf l’intervenante du toucher.
Le premier jour, je n’avais rien écrit. Mais dès le deuxième module, j’ai choisi de prendre des notes, puis de tout mettre en page chez moi. Comme cela me servait personnellement, j’ai proposé de les partager avec le groupe. Elles étaient ravies : pouvoir écouter pleinement sans avoir à écrire était un vrai cadeau.
Pour moi, écouter, écrire, puis mettre en page m’aidait à intégrer profondément ce que j’apprenais.
Les notes qui ont marqué le conseil d’administration
La présidente finit par montrer mes notes au conseil administratif. Et lors du dernier module, plusieurs accompagnants membres du conseil d’administration étaient présents. Je ne les avais jamais vus, je ne les connaissais pas… et pourtant, tous savaient déjà qui j’étais grâce aux notes que j’avais prises et que la directrice leur avait montrées.
Le responsable du site Internet me lança alors, à la fin de la formation : « Il faudra qu’on se voit, je t’apprndrais quelques truc pour le site internet. »
La présidente m’avait contacté pour me proposer officiellement de reprendre le site web de l’association. Je n’ai pour base qu’un bac STT Commerce et une formation d’assistante de gestion, mais la mise en page, l’écriture et l’organisation font partie de mes compétences naturelles. Une formation numérique récente m’avait aussi actualisée sur les outils modernes, dont Canva, qui a facilité tout mon travail. J’utilise aussi ChatGPT depuis l’écriture de mon livre : https://emiliespirit.fr/ame-liberee-ame-en-paix/
La mission confiée : accompagner en autonomie à l’hôpital
En novembre, au dernier module, j’ai reçu mon étiquette officielle me permettant d’aller visiter les malades. On nous a donné les coordonnées des coordinatrices, puis la présidente nous annonça que ma collègue et moi serions affectées à l’hôpital d’une ville voisine.
Nous serions seules dans les longs et court séjours, car les bénévoles précédentes avaient dû arrêter pour raisons familiales. Pendant la formation, on nous avait expliqué que nous serions accompagnées au début… mais finalement, ce ne serait pas le cas : chacune de nous ferait ses accompagnements en autonomie, car nous n’aurions pas de binôme. Je me sentais tout de même prête, forte de la formation et de la lecture de plusieurs livres : Tanguy Chatel et Colette Roumanof.
J’ai laissé ma collègue choisir entre court séjour et long séjour. Elle a choisi le long séjour, et j’ai pris le court.
Un soutien continu : thérapies de groupe, rencontres et supervision
Nous avons fixé plusieurs dates pour rencontrer le coordinateur des différentes associations intervenant à l’hôpital. À partir de là, tout devenait très concret. Nous devions consacrer un après-midi par semaine aux visites, et participer à une matinée de thérapie de groupe toutes les trois semaines pour partager nos expériences, nos difficultés, nos ressentis, nos émotions.
Je n’avais encore rencontré personne, et pourtant le premier groupe de parole arrivait déjà début décembre. On m’avait dit : « L’écoute est le plus important ». Grâce au module sur l’écoute active, je me sentais prête.
Nous étions très entourées : groupe de parole, rencontres régulières entre bénévoles, formations continues gratuites, moments conviviaux pour créer du lien et ne jamais se sentir seules. La présidente veille à ce que chacune soit soutenue, vue, entendue.
Une nouvelle aventure humaine et spirituelle
Aujourd’hui, une nouvelle aventure commence. Cela fait un an que je l’attends. Je suis partagée entre impatience et questionnements :
— Est-ce que je serai à la hauteur ?
— Saurez-je apporter douceur, présence et justesse ?
— M’attacherai-je trop ?
— Serai-je triste lors des départs, ou au contraire apaisée pour eux ?
— Saurai-je soutenir aussi bien les familles que les soignants ?
Ce chemin va m’aider à travailler sur moi : mes émotions, mon silence, ma neutralité, ma présence.
Un chemin humain, intime, humble.
Un chemin en cohérence avec les constellations familiales, où l’on accueille la vie, la mort, et les liens invisibles qui nous relient tous.