Nous avons été voir des œuvres contemporaines à la galerie d’art de l’Isle sur la Sorgue : Villa Datris. En ce moment, c’est sur les œuvres de femmes engagées, exposant chacune leurs luttes. Celles dont je vais parler dans cet article, ce sont celles de femmes qui ont migré. L’œuvre est de Cathryn Boch.
J’associe l’art à la thérapie, aux constellations familiales, car l’immigration reste un thème récurrent des constellations familiales. L’art est aussi une forme de thérapie, d’où la création de l’art-thérapie qui aide des milliers de personnes à sortir de leur mal-être.

Cathryn Boch

Cathryn Boch est une artiste contemporaine, née en 1968 à Strasbourg. Elle vit à Marseille. Dans l’œuvre qu’elle expose à Villa Datris, elle a utilisé une voile de bateau, toile enduite et image impression Vinyle, qu’elle a cousu à la main et à la machine. Son vécu à Marseille l’a fait côtoyer des femmes qui ont quitté leur pays. Entre migration acceptées ou empêchées, elle s’exprime à travers l’art. Les femmes migrantes deviennent dans cette œuvre un sujet politique. Nous parlons souvent des hommes qui immigrent, mais très peu de ces femmes. Ces femmes et leurs luttes invisibles, qui sont le projet de Cathryn Boch.

oeuvre contemporaine de Cathryn Boch

L’inscription

« Elles qui migrent ne raconte que la moitié de l’histoire elles laissent derrière elles l’autre moitié d’un silence ».

C’est fort, c’est clair, et c’est perspicace. Combien parle du pays qu’elles ont quitté ?
Laissant derrière elle, leur ancienne vie. Très peu de femmes en parlent, et extériorisent ce qu’elles ont à l’intérieur.

C’est un problème récurrent, du passé comme du présent. La couleur verte est la couleur de la renaissance, du renouveau. La toile avec juste une inscription est un grand vide, exprime le silence de ce passé qu’elles ont dû quitter. Les personnes habillées en noir, noire couleur de la protection, mais aussi couleur du deuil. Le deuil d’une vie passée, dont on ne parle pas.

En constellation familiale

L’immigration est un problème récurrent pour les descendants.
Les symptômes sont le fait de ne pas se sentir à sa place. De ne pas se sentir légitime de posséder quelque chose, ou de ne rien posséder au risque de tout perdre.
D’accumuler les choses ou de jeter. Parfois une colère envers le pays qui nous a rejetées.

Il est important de connaître l’histoire passée et actuelle de certains pays, pour mieux comprendre la souffrance des descendants.
Si l’immigration est choisie et fait avec réflexion, cela ne pose aucun problème transgénérationnel. Si c’est fait de manière rapide et obligatoire, des souffrances surviennent. C’est souvent à la troisième génération qu’on voit les conséquences d’une immigration non choisie.
L’exprimer, la ressentir, c’est le début de la guérison.

 

 

Une pensée à toutes ces familles que j’ai reçu: Espagnole, Italienne, Pied Noire, Harki, Lybienne, ex Yougoslave (Roumaine, polonaise, croate,…), Algérienne, qui sont des descendants de personne qui ont fait le meilleur choix pour sauver leur famille.