Comprendre les différentes formes de deuil

Le deuil fait partie intégrante de la vie.
Il existe plusieurs types de deuils : deuil amoureux, deuil d’un projet, deuil symbolique…
Mais ici, nous parlerons du deuil lié à la mort, celui qui vient bouleverser nos repères les plus profonds.

Il existe deux grandes formes de deuil liées à la mort :

  • le deuil vécu par la personne en fin de vie,

  • et le deuil vécu par ceux qui restent.

Les étapes du deuil selon Elisabeth Kübler-Ross

La psychiatre Elisabeth Kübler-Ross a mis en lumière les six étapes du deuil à partir d’entretiens menés avec des personnes en fin de vie.
Ces étapes concernent donc le processus intérieur de ceux qui vont mourir, et non celui des proches.

Les six étapes sont :

1. Le choc

2. Le déni / la colère

3. Le marchandage

4. La dépression / tristesse

5. La résignation / acceptation

6. Le pardon

Ce modèle a permis de mieux comprendre les réactions des personnes en fin de vie, mais il ne s’applique pas directement à ceux qui vivent la perte d’un être cher.

Les cinq étapes du deuil pour ceux qui restent

Le psychiatre et psychothérapeute Christophe Fauré, spécialiste de l’accompagnement du deuil, s’est appuyé sur les travaux de Michel Hanus pour proposer un modèle spécifique aux personnes endeuillées.

Ces cinq étapes du deuil sont :

1. Le choc / la sidération

2. La fuite / la recherche

3. La désorganisation / destructuration de la vie

4. La réorganisation

5. Le détachement / la transformation

Ce processus n’est pas linéaire : il y a des allers-retours entre les étapes.
Le deuil demande du temps, de la patience, et surtout de la bienveillance envers soi-même.
👉 Je recommande la très belle conférence de Christophe Fauré : “Vivre le deuil au jour le jour”, disponible sur YouTube.

Quand commence le deuil ?

Le deuil s’enclenche dès l’annonce du décès.
Même si l’on savait que la personne allait partir, même si l’on s’y était “préparé”, la douleur ne peut être évitée.
Le deuil ne se fait réellement qu’après la perte.

Dans certains cas, un “deuil blanc” peut survenir avant la mort — notamment lors de maladies dégénératives ou cognitives où la personne ne reconnaît plus ses proches.
Mais le véritable deuil, lui, naît toujours du vide laissé par l’absence.

Le deuil : une douleur inévitable mais transformatrice

Le deuil est inévitable.
On ne peut ni le contourner, ni supprimer la douleur.
C’est un processus de guérison aussi nécessaire qu’une cicatrice après une blessure.
Avant que la plaie ne se referme, il y a la douleur. Et c’est cette douleur qui témoigne de l’amour que nous portions à la personne disparue.

Le rôle des constellations familiales dans le processus de deuil

Lorsqu’un deuil n’a pas été fait, il peut apparaître clairement lors d’une constellation familiale.
Le tableau montre alors un lien figé, une douleur encore vivante, un attachement resté bloqué dans le passé.

La constellation ne peut pas effacer la douleur ni combler le manque.
Mais elle permet de poser des mots, de reconnaître la perte, d’honorer la mémoire, et parfois d’enclencher enfin le processus de deuil.
Avec le temps, la souffrance s’adoucit, la paix peut s’installer.

Le deuil au-delà de la mort

On peut vivre un deuil d’une personne qui était toxique.
Cela arrive que des femmes pleurent leurs ex toxiques.
Le corps et le cœur ont besoin de temps pour se détacher, pour se reconstruire.
Il existe autant de deuils que de personnes, et aucun n’est à juger.

Une personne me confiait récemment :

“On m’a dit que cela faisait plus de cinq ans qu’il était mort, que je devais sortir du deuil.”

Mais un deuil n’a pas de durée prédéfinie.
Chacun avance à son rythme.
Certaines blessures prennent des mois, d’autres des années.
L’important est de se laisser traverser par les émotions sans se juger.

Les différences entre hommes et femmes face au deuil

Chaque être humain vit le deuil à sa manière.
Les hommes ont souvent tendance à canaliser leur douleur dans l’action : travail, sport, projets…
Les femmes, elles, expriment davantage leurs émotions à travers les larmes, le partage ou la parole.

Ces différences peuvent parfois créer une incompréhension dans le couple.
Après la perte d’un enfant, par exemple, la mère souhaite souvent que son conjoint partage la même intensité de chagrin.
Lui, au contraire, peut chercher à “tenir bon” pour deux, pensant protéger.
Mais ce n’est pas parce qu’un homme ne pleure pas qu’il ne souffre pas, et ce n’est pas parce qu’une femme pleure qu’elle n’avance pas.

Le deuil se vit dans le respect du rythme de chacun.
Pleurer n’est pas une faiblesse, c’est une étape de guérison.
Et lorsqu’on atteint le fond de la douleur, on ne peut que remonter vers la lumière.

apprivoiser la perte, aimer encore

Le deuil n’est pas un oubli, c’est une transformation.
Il ne s’agit pas de tourner la page, mais d’apprendre à vivre avec une page en moins.
Peu à peu, la tristesse laisse place à la gratitude, le manque se transforme en présence intérieure.
Le lien d’amour reste, mais il change de forme.
Et c’est à cet endroit que la paix peut enfin naître.

La personne décédée, ne sera jamais remplacée, elle aura toujours une place dans le coeur de ceux qui restent.

Le lien, la souffrance et la singularité du cœur

La personne décédée ne sera jamais remplacée.
Elle garde à jamais une place dans le cœur de ceux qui restent.
Le deuil est universel et propre à chacun.
Ce qui détermine la souffrance, c’est la qualité du lien, l’investissement émotionnel mis dans la relation.

Une femme m’a un jour confié :

« Émilie, j’ai un problème. Je pense ne pas avoir de cœur. J’ai une amie qui va mourir, et qui veut nous revoir avant son départ. Mais je ne ressens rien. Notre amie commune est en larmes, et elle dit que je n’ai pas de cœur. »

Je lui ai simplement demandé :

« Quel était ton lien avec elle ? »

Elle m’a répondu :

« C’était une thérapeute, notre amie commune et moi, on s’est formées ensemble chez elle, mais ensuite elle a déménagé, on a gardé un contact lointain. »

Alors je lui ai dit :

« Tu as un cœur. Simplement, tu n’avais pas d’attachement émotionnel fort avec elle. Ton amie, elle, avait créé un lien profond, malgré la distance. Ce n’est ni bien ni mal. Chacune vit la perte à sa manière. »

Le deuil, finalement, n’est pas une mesure de l’amour, mais une expression du lien.
Chaque cœur bat et pleure à sa façon.

🌺 « Le deuil n’efface pas l’amour, il le transforme. Ce que l’on perd dans la matière, on le retrouve dans la présence du cœur. Rien ne meurt vraiment, tout se transforme. »
— Émilie Spirit