L’effet du témoin aussi appelé l’effet du spectateur est une manière d’agir de l’ensemble des personnes témoins face au danger d’une autre personne. Un exemple simple, si une personne est en danger, et qu’il y a une vingtaine de témoins, il est probable qu’aucune personne ne réagissent, pensant qu’une personne ira porter secours.
Les conséquences de cet effet témoin est qu’une personne peut mourir sans qu’aucune personne ne lui vienne en aide.
C’est un phénomène psychosocial.
Origine de ce phénomène, le meurtre de Kitty Genovese
Dans la nuit du 13 au 14 mars 1964, dans le quartier de Kew Garden à New York, Kitty Genovese fut assassiné.
Ce soir-là, Winston Moseley était à l’affût d’une proie. Kitty Genovese rentrait de son travail à 3 h du matin.
Moseley l’a vit, la suivit, Kitty vit le danger et voulu courir jusqu’à la borne d’urgence pour appeler la police. Winston Moseley l’intercepta une première fois près d’une librairie. Kitty cria au secours, Winston lui donna deux coups de couteau dans le dos. Kitty a Genou et Winston à genou derrière elle, sous un lampadaire, elle hurla. Un voisin, Robert Mozer de sa fenêtre du septième étage, vit un homme à genou derrière une fille, il lui cria de laisser cette fille tranquille. Winston Moseley prit peur et partit.
Kitty, blessée, se releva, et essaya de rentrer dans son immeuble. Winston Moseley déplaça sa corvair blanche dans un endroit plus sombre pour ne pas être vu des témoins. Pendant cette manœuvre, il vit Kitty se relever et tituber. Il savait qu’il finirait par la retrouver, et que personne ne lui viendrait en aide, sinon il y aurait déjà eu quelqu’un avec elle. Il remplaça son bonnet par un chapeau et repartit à la recherche de sa victime. Kitty arriva à la porte de son immeuble, se croyant en sécurité et pensant sans doute que les voisins avaient appelé la police. Winston Moseley n’eut qu’à suivre les traces de sang pour la retrouver. Kitty le vit, cria « À l’aide » à plusieurs reprises. Winston lui donna des coups de couteau au ventre et à la poitrine et un à la gorge, ce qui la fit arrêter de crier. Moseley la viola encore vivante, et lui vola ce qu’elle avait sur elle, du maquillage et de l’argent.
Winston Moseley fut arrêté six jours plus tard, alors qu’il tentait de cambrioler une villa, non loin du lieu où Kitty fut assassiné. Alors qu’il cambriolait une villa, le voisin de la villa Raoul Clary, appela la police. Afin d’empêcher Winston de partir, Raoul lui retira la tête de distributeur de sa corvair Blanche. Winston Moseley, sans voiture fut intercepté par la police rapidement.
Lors de l’enquête sur le cambriolage, un policier fit le rapprochement entre sa corvair blanche, et le meurtre de kitty. Des témoins affirmaient avoir vu une corvair blanche ce soir-là. Winston Moseley avoua le meurtre de kitty et deux autres meurtres. Winston Moseley expliqua à la police qu’il prenait une personne au hasard, de préférence une femme qui ne se défendait pas et ne se débattait pas.
Il fut emprisonné à vie, et mourrut en prison le 28 mars 2016 à 81 ans.
L’effet du témoin
Ce meurtre ouvrit la porte à plusieurs études psychosocial afin de comprendre pourquoi personne n’avait porté secours à Kitty ce soir-là. En 1968, John Darley et Bibb Latané ont élaboré des tests en laboratoire.
Le premier test : ils ont placé plusieurs personnes dans des cabines individuelles. Chaque personne étant dans une cabine, seule. Chaque cabine avait un interphone, où les personnes devaient communiquer entres elles. Pour ne pas révéler l’objet de l’étude, ils ont fait croire aux participants qu’ils étaient là pour des problèmes personnels rencontrés par des collégiens en milieu urbain. Pendant la discussion, un complice devait simuler une grave crise d’épilepsie. Le complice devait parler calmement, puis de plus en plus fort et finir par tenir des propos incohérents et bafouiller. Tous les autres participants étaient des complices, seule la personne piégés n’était pas au courant de ce faux malaise.
L’objectif de ce test était de savoir si le nombre de témoins, influençait sur la rapidité de réaction à alerter ou intervenir pour venir en aide à la personne en crise.
Ce premier test a entraîné d’autres différents test toujours dans la même optique, connaître le lien entre le nombre de témoins et la réaction d’une personne.
Les différentes études qu’il y a eues : des participants dans une salle d’attente, dans laquelle une fumée s’infiltre, jusqu’à envahir la salle, un témoin d’une personne qui fait une crise d’asthme, un témoin assiste à un vol, un témoin voit un automobiliste en panne, …
Résultats de ces études
John Darley et Bibb Latané ont conclu leurs différentes études par le fait qu’il y a plusieurs étapes avant qu’une personne réagisse. Si une de ces étapes n’est pas accomplie, alors il n’y aura pas de réaction de cette personne.
Ces étapes sont :
– Remarquer la situation. Effectivement, si on ne remarque rien d’anormal, alors on ne peut réagir. Mais du coup, il n’y a pas de témoins.
– Interpréter la situation comme étant urgente.
– Développer un sentiment de responsabilité personnelle à cet égard.
– Croire posséder les compétences nécessaires pour intervenir.
– Prendre la décision d’aller aider.
Ces étapes sont aussi influencées par le nombre de témoins présents :
– Pourquoi moi plutôt qu’un autre ? Si le témoin est seul, il aura plus de chance d’agir que s’il y a d’autres témoins. S’il y a d’autres témoins, la part de responsabilité est partagée. Moins il y a du monde, plus une personne va agir. Plus il y a du monde, moins elle agira. Comme dans le meurtre de Kitty Genovese, les témoins pensaient qu’un autre témoin allait agir.
– Le jugement de l’autre. Le fait d’agir en pensant que c’est grave, et ce n’est peut-être rien. Se ridiculiser parce qu’une personne à trébucher et qu’on pensait qu’elle faisait une crise cardiaque. Cette situation, je l’ai vécu, lorsque j’ai sauvé la vie de Milène https://emiliespirit.fr/deroulement-du-sauvetage-de-milene/
Je n’ai heureusement pas écouté ma petite voix qui disait : « Mais Émilie, tu appelles pour rien ». Ce qui a pu lui sauver la vie. Dans le cas du meurtre de Kitty, elle habitait un quartier avec un bar qui fermait à 4 h du matin. Il y avait souvent du bruit. Une personne a pu, du septième étage faire partir l’homme. Mais de là où il était, il n’a sans doute pas vu, que la femme était blessée, et que c’était grave. Mieux vaut appeler pour rien, que de ne pas appeler du tout.
– Que font les autres ? Si les autres agissent, cela va entraîner le témoin à agir, s’ils n’agissent pas, alors le témoin n’agira pas.
L’effet du témoin systématique?
Ces études permettent d’expliquer l’inaction dans certaines situations. Mais l’effet du témoin n’est pas systématique fort heureusement. Tout dépend de plusieurs paramètres : le groupe de personnes présentent, le contexte, l’environnement, …
L’important est de savoir que cela existe, pour que cela ne recommence pas.
Il ne faut pas croire que c’était en 1964 et que de nos jours les gens agissent, en avril 2024 une femme se faisait agresser et personne ne bougeait: https://www.aufeminin.com/beaute/shopping-beaute/ce-serum-a-lacide-hyaluronique-a-moins-de-7-euros-a-deja-conquis-des-milliers-de-personnes-2639711.html?utm_source=contentrevolution&utm_medium=internal&utm_campaign=unknown
L’effet du témoin explique que l’inaction existe, mais en parler peu faire changer les choses. Du moins j’espère.