Je suis depuis quelques mois une formation accompagnante auprès de l’association Jalmalv pour accompagner les personnes malades. Justement, dans l’un des modules, la formatrice a mis l’accent sur les mots.
Dans n’importe quel pays, les mots ont une définition bien écrite sur un dictionnaire.
Larousse et Le Robert, tout le monde connait. Les mots ont une signification. Les mots ont une énergie aussi.
J’avais déjà fait un article sur le travail de télé enquêtrice : https://emiliespirit.fr/tele-enqueteur-cest-accepter-les-insultes/
Mais il est bien plus difficile de se comprendre, malgré les dictionnaires et les définitions.

Les mots une énergie

« Lorsque nous mettons des mots sur les maux, les dits maux deviennent des mots dit et cessent d’être maudits » , Guy Corneau
« Les maux du corps sont les mots de l’âme. Ainsi on ne doit pas guérir le corps sans chercher à guérir l’âme. », Platon.
Les mots sont des énergies. Encore faut-il comprendre le langage de chacun. Un même mot n’a pas la même signification selon la personne.
Chaque personne a une intention différente, caché derrièce ce qu’elle raconte.

La signification des mots

Nous avons beau avoir le même langage, les mêmes définitions, il n’est pas toujours aisé de se comprendre.

Un exemple tout bête et pourtant universel.
« Je t’aime » n’aura pas la même signification, ni la même intensité selon la personne à qui on va le dire.
Dire, je t’aime à son amoureux, c’est déjà un amour différent que celui de dire, je t’aime à ses parents, ses enfants, ses amis. Certains refusent de le dire, car c’est important, puis d’autres le disent à tout-va. Peu importe, chacun a sa propre signification de ce mot.

Dire d’une personne qu’elle est morte :
« Il est parti ». « Il s’est envolé ». « Il est décédé ». « Il a trépassé ». « Il est mort ». Tout ces mots veulent dire la même chose, mais n’auront pas la même intensité. Très rarement, les gens disent « il est mort ». Comme pour éviter d’affronter la réalité.

Certains mots ne sont pas compréhensibles, et mérite un argument :
« Ce n’est pas bon », « C’est nul », « je n’aime pas », « T’es nul », « Tu travailles mal », « Tu travailles bien. »/ « c’est bien »/ …
Ces phrases ne veulent rien dire.
« Qu’est-ce qui n’est pas bon ? »/ « Qu’est ce que tu n’aimes pas ? »/ « Qu’ais, je fais pour que tu penses que je suis nul ? »/ « Quel travail ais je mal fait ? »/ « Quel travail ais, je bien fais? » / « Qu’est ce qui est bien ? »
Dès que l’on pose des questions pour plus de détails, peu arrive à répondre, car peu de gens argumentent.

Lors d’un de nos modules de formation, nous faisions un climat personnel. C’est tout simplement dire comment l’on se sent. Certaines personnes disaient : « Je me sens bien ». Le formateur nous disait qu’il n’acceptait pas le mot bien, du moins pas sans argument derrière. « Je me sens bien, je vais bien », cela ne voulait pas dire grand-chose.
C’était pour nous forcer à utiliser d’autres mots, plus explicite qu’un banal « Bien ».
Cela nous a fait réfléchir à d’autres mots : calme, en paix, sereine, fatiguée,…

Les mots réels

Certains mots avec les années ont été changés, histoire de ne pas choquer les gens. 
Tel le Tartuffe dans l’Acte 3 scènes 2 : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir. Et cela, fait venir de coupables pensées ».
Nous pourrions en dire autant pour les mots : « Couvrez ce mot que je ne saurais voir. Et cela, fait venir de coupables pensées ».

Ne serait ce que dans la nourriture :
L’animal viande
Le cochon le porc
Le coq, la poule Le poulet, le chapon
Le taureau, la vache Le boeuf
Cela n’enlève pas que l’on mange bien du cochon, du coq, de la poule, du taureau, de la vache, …

Mal voyant, c’est une personne qui voit mal. J’ai appris il y a peu qu’on pouvait aussi le sortir pour une personne aveugle.
Eh bien, non, ce n’est pas la même chose, Mal voyant, la personne voit mal. Aveugle, la personne ne voit pas du tout.
Malentendant : c’est une personne qui a entend mal, des problèmes d’audition. Sourd, c’est ne plus entendre.
Mettons des mots sur les maux, ça permet de les conscientiser. Pour les autres, cela permet aussi de nous adapter.
Je connais beaucoup de personnes qui sont sourdes d’une oreille, et d’autre qui entendent très mal. Je m’adapte à la personne. Une personne sourde d’une oreille, je lui parlerais du côté où elle entend. Une malentendante, je parlerais en face d’elle, car souvent, elles lisent sur les lèvres, au pire, j’écrirais.

Un jour, je ne sais plus le contexte, j’ai dit que j’étais grosse. On m’a repris, en me disant : « mais non, tu es enrobée ». J’ai répondu : « Non, je suis grosse. » On a insisté en disant : » Gros, c’est négatif, cela donne une mauvaise image de toi ».
À quel moment dans la vie, on a dit que le mot gros était un mot mauvais ? C’est un adjectif qualificatif qui qualifie mon corps. Je n’ai pas honte de mon corps, c’est mon corps, il me permet de me mouvoir, d’avancer, et il est comme il est.
Il y a des gros, des maigres, des grands, des petits, des bavards, des sourds, des muets, … Se cacher derrière d’autres mots ne changera pas qui je suis, ni mon corps.
Un jour, on m’a sorti aussi que j’étais forte, bien sûr que je suis forte, mais ce n’est pas une qualification de mon corps, c’est une qualification de mes bras, de mes jambes qui peuvent porter du poids, et pas seulement le mien : je porte des gros sacs de pellets de 25 kg. Mon mental aussi est fort. Mais mon corps n’est pas enrobé comme un bonbon enrobé de chocolat. Mon corps est fort ça oui, mais physiquement. Je suis grosse. Si les gens ne l’acceptent pas quand je le dis, ce n’est pas mon problème, c’est le leur. Je suis responsable de ce que je dis, mais pas de ce que les gens ressentent, encore plus quand cela me concerne personnellement.

Quand on parle d’une personne morte, on va nous sortir : « Il a disparu », « Il est parti », « il s’est envolé », « il nous a quittées ».
Dans ce contexte, ‘il est parti » « il nous a quittés », peut être sujet à quiproquo. Une personne qui est partie, a quitté quelqu’un, forcément, on pense à un départ ailleurs, et non une mort. Cela permet aux gens d’éviter de dire le mot mort, d’éviter la mort. Personne n’évite la mort, on y passera tous, et en parler ne nous tuera pas, ou ne nous précipitera pas vers la mort. Au contraire, cela peut aider à l’accepter.
Une dame de la formation, justement, disait que petite, un jour sa mère et elle vont voir une femme endeuillée. La dame pleure, et la petite demande à sa mère pourquoi ? La mère dit que son mari est parti. La petite au moment de partir a été voir la dame en disant :  » Ne vous inquiétez pas, il reviendra ». He oui, une personne qui part, peut revenir, une personne morte ne le peut pas. Du moins certaines croyances le pensent, personnellement, j’ai d’autres croyances.

Expliquons-nous

Communiquons, comprenons nous. Expliquons ce que veux dire les mots à travers nos filtres personnels.
Le plus gros problème entre les gens, c’est cette incompréhension.
Il y a conflit, ressourçons nous dehors, prenons du recul, pour éviter la colère ou la réaction à chaud. Puis revenons poser des questions : « Que veux-tu dire ? Que ressens-tu ? Je ne comprends pas, je ne ressens pas. « 
Parlons à cœur ouvert, pour être dans l’amour.