La mort, est souvent douloureuse pour ceux qui restent.
Personnellement, je suis en contact avec la mort depuis ma plus tendre enfance, et je n’ai pas de tristesse.
La mort n’est pas une fin, c’est une continuité dans l’invisible. Ma preuve en est mon contact avec l’autre dimension.
La mort de mon chien, était sa libération.

Histoire 

Notre chienne était née le même jour que moi, mais en 2012. Cela présageait bien qu’on ne l’avait pas croisé par hasard et qu’elle nous apprendrait beaucoup sur elle et sur nous. Elle aboyait beaucoup, mais le son de sa voix était très bas, un : « ouh ouh ».

Mon mari, qui n’était pas chien du tout, l’aima de suite, mes enfants qui avaient 4 et 8 ans à l’époque, étaient tout heureux. Elle prit l’habitude de me suivre partout.
À six mois, on a découvert une malformation. Au début, notre vétérinaire pensait qu’elle avait une tumeur au cerveau. Il n’était pas sur de son diagnostique et nous conseilla d’aller à Annonay à l’école vétérinaire.

École Vétérinaire Anonay

Il y avait plein d’animaux, et beaucoup de monde. Des chiens de toutes les tailles, c’était impressionnant. Nous étions reçus d’abord par des élèves, qui posaient leur diagnostique avec radio. Ensuite, les deux élèves qui avaient ausculté Gaby, nous amenèrent devant le professeur. Ce jour-là, c’était déchirant, nous avions notre chienne depuis trois mois seulement, et la professeur, nous disait « voilà, vous allez devoir nous la laisser, elle doit subir une opération rarissime, seul deux médecins en France sont capable de la faire. Justement, l’un d’eux est chez nous cette semaine. Cependant, elle peut mourir. Soit vous faites l’opération, mais c’est six heures et risque de mourir, soit vous ne l’opérez pas, mais sa vie sera raccourci et elle ne pourra plus marcher ». Nous avons dû faire un choix en cinq minutes. Lorsque nous avons accepté, on nous a dit « dites lui au revoir, ne vous attachez pas, car elle peut mourir ».
Nous avons été tristes, nous sommes rentrés chez nous, 3 h de routes.

Nous étions venus un vendredi, elle passa le week-end, et se fit opérer le lundi. Ils devaient nous appeler à la fin de l’opération pour nous dire si l’opération, c’était bien passé, surtout si elle était vivante. Ce fut une longue journée. Vers 17 h, on nous appela, l’opération avait réussi. Elle devait rester là-bas 3 semaines entières.
Elle ne resta qu’une semaine. Opération lundi. Le vendredi matin, l’école vétérinaire nous appela, pour nous demander de venir la chercher car elle était agressive. Ils nous demandaient de contacter le vétérinaire, qu’il accepte de s’occuper d’elle le week-end, car ils devaient lui vider sa vessie régulièrement.
Le vétérinaire était ouvert samedi et dimanche, il accepta. Nous partîmes sur-le-champs la récupérer, 3 h de route. L’élève nous reçut, et nous demanda de l’attendre dehors. L’élève nous avertit: « faites attention, elle est agressive ». Elle fut un amour avec nous, trop contente de nous revoir. L’élève nous dit : « mais c’est un amour, nous ne l’avions jamais vu comme ça ». Je lui ai dit : « Bien sûr, vous l’enfermez dans une cage, moi-même, si vous m’opériez et me mettiez dans une cage, je serais agressive ou malheureuse ».

Rééducation

Nous l’amenions dès le lendemain matin, chez le vétérinaire, pour l’aider à vider sa vessie. 

Le vétérinaire nous montra comment faire et nous conseilla d’acheter un harnais pour sa rééducation, et lui faire faire ses exercices pour remarcher. 
Plusieurs fois par jour, nous lui vidions sa vessie en l’appuyant et nous l’entraînions à remarcher. Cela dura plusieurs semaines. Nous étions contents de chacun de ses progrès.
Très vite, elle retrouva l’usage de ses jambes. L’école ne manquait pas de nous appeler les cinq premières années après l’opération, pour savoir son évolution. Ils étaient contents que Gaby n’ait par la suite plus de séquelles.

L’opération qui dura six heures, c’était sa colonne vertébrale qui faisait un angle droit. Le chirurgien a placé une plaque en fer le long de sa colonne pour qu’elle soit droite. L’opération fut réussie. C’était le bon moment de la faire, car lorsque nous l’amenions pour la diagnostiquer, elle ne marchait plus du tout. Sur le parking, elle avait cessé de marcher et nous avions peur qu’elle ait une tumeur au cerveau, heureusement ce n’était pas le cas, et elle s’en sortit. 

La différence

Notre chienne aboyait après les personnes qui n’étaient pas honnêtes. Elle aboyait souvent après mes parents, qui n’arrêtaient pas de la critiquer : « Il n’est pas beau ce chien, vous ne regrettez pas de l’avoir pris ? ». 
Elle aboyait après mon beau-frère, qui l’a un jour jeté de haut dans le garage. Quand mes enfants m’en ont parlé, j’ai trouvé son comportement choquant. Un homme qui fait cela à un animal, ne présage rien de bon.

Un être humain peut communiquer, mais l’animal non. À l’époque, je ne pratiquais pas la communication animale. Aujourd’hui, je la pratique et c’est plus facile pour les comprendre. Tous les êtres humains devraient la pratiquer. 

Lorsque nous la sortions, son corps, tordu, accrochait le regard. C’était un bouledogue français, petit pour sa taille.

Nos amis, s’étaient habitués à sa présence. Elle s’asseyait sur les pieds des gens qu’elle appréciait et qui avaient de bonnes énergies.

Elles défendaient aussi beaucoup nos enfants, elle détestait qu’on hurle dans la maison. Le bruit, ou les hurlements la faisait grogner ou aboyer. Elle aimait le silence, et ça tombe bien, nous aussi.

Elle s’entendait avec tous les animaux que nous avons eut : chats, chien, tortue, poules, canards, … 

Nous vécûmes heureux comme ça onze ans.

 

Sa mort

 Dépasser les dix ans, je sentais que je devais préparer ma fille et mon mari à son départ. Elle était âgée, fragile de par son opération même si cela remontait à dix ans en arrière.
Nous étions plus proches de la fin que du commencement. Arrivait jusqu’à dix ans, les années après ce n’était que du bonus. Dès ses dix ans, j’ai remercié l’univers de nous l’avoir laissé aussi longtemps et de continuer si c’était possible pour elle.

Ces derniers mois, elle dormait de plus en plus, elle mangeait de moins en moins. Elle demandait à sortir de plus en plus pour ses besoins, son corps commençait à ne plus se retenir longtemps. Les deux derniers jours, elle buvait et faisait pipi en même temps.
Son corps commençait à faiblir. Le dernier jour, je rentrais de l’ephad où j’avais vu mon amie; pour la première fois, Gaby n’était pas dans la maison. Je connais assez bien les chiens pour savoir qu’ils se cachent quand arrive la fin. Avec les enfants, nous la cherchions, elle s’était déplacée sur la terrasse et ne bougeait plus. Nous ne savions ce qu’elle avait, une baisse de forme ?
Elle avait eu la diarrhée dans la maison, c’est en nettoyant que j’ai compris, il y avait du sang.

Nous avons appelé le vétérinaire de garde, c’était un lundi soir. Le vétérinaire nous dit de surveiller ce qu’elle avait et de rappeler notre vétérinaire le lendemain matin. Je rentrai en communication avec elle, elle souhaitait être seule et dormir, elle était très très fatiguée. Je le dis à mes enfants et à mon mari, mais nous voulions encore cette dernière soirée. Ils ne savaient pas que c’était sa dernière, et moi, j’avais un espoir que ça ne le serait pas.
Nous regardons un épisode d’une série, pour la première fois, elle ne s’endormit pas et regarda avec nous, entourées de nos caresses.
Mon mari la sortit comme à son habitude avant d’aller la coucher, elle ne pouvait plus se relever. Son corps était fatigué. Nous couchions la chienne dans le lit de ma fille comme chaque soir, je mis un matelas par terre pour mon mari. Je dis à ma fille : « Peu importe l’heure, réveille moi s’il y a quelque chose cette nuit ». Ma fille s’inquiéta et me demanda si elle allait mourir, je lui dis de ne pas pleurer pour quelque chose qui n’est pas encore arrivé, et que tout ira bien.

Mon mari me raconta que cette nuit-là, il la regarda, et Gaby le regarda aussi. Vers minuits, une heure du matin, mon mari revint dans notre chambre et me dit qu’elle dormait. Je me réveillai à cinq heures du matin, j’avais envie d’aller voir, mais je ne voulais pas réveiller ma fille. Trente minutes plus tard, elle tapa à notre porte et nous dit qu’elle ne bougeait plus. Elle avait la rigidité cadavérique. Ma fille me dit qu’elle s’était déplacée cette nuit et l’avait touché.

À sa manière, elle avait dit adieu à mon mari et ma fille. Elle attendit de mourir que tout le monde s’endorme, pour ne pas entendre leurs pleurs.

Le départ.

Nous avons observé une minute de silence pour elle, pour nous. Nous lui avons dit à quel point nous l’aimions et à quel point elle nous avait rendu heureux. J’ouvris la fenêtre en lui disant qu’il était temps pour elle de partir.

Je dis à ma fille : « Aujourd’hui, tu pleures, mais demain, tu devras arrêter pour que son âme puisse partir. Elle était fatiguée, elle est libre aujourd’hui. Elle n’est plus prisonnière de son corps, soit heureuse pour elle ».
Ma fille eut du mal, elle passait son temps avec elle, et quand elle revenait du travail, elle était sur la terrasse à l’attendre, un jour elle sauta de notre terrasse pour aller la voir. Notre terrasse est à 1 mètre de hauteur.

Ce fut une journée de deuil. On alla l’enterrer. On lui jeta une poignée de terre chacun, lui dit une phrase. Ma fille lui fit un cœur avec des pierres. Nous restâmes chacun silencieux toute la journée. Une journée de silence. Chacun faisant son deuil à sa manière.

Je pris contact avec Gaby, dans la lumière, sans soucis, sans problème de corps. Elle était en paix et toujours présente avec nous, pour nous aider à traverser.

L’univers nous avait préparées.

Une semaine avant, ma fille qui travaillait depuis deux semaines, se fit une entorse au travail. Elle était dépitée, elle avait peur de perdre son job. Son premier job, elle était motivée chaque matin pour y aller, et rentrer le soir heureuse de retrouver Gaby.
Elle devait être arrêtée une semaine, mais son kiné, mon mari et moi lui conseillâmes de rester encore une semaine à la maison. Elle ne voulait pas trop, elle ne comprenait pas pourquoi cela lui était arrivé.

Quand elle se fit son entorse, je lui dis : « aujourd’hui, tu es malheureuse, mais si l’univers te fait cet accident de travail, c’est qu’il a ses raisons, nous les comprendrons plus tard ».
Le vendredi, on lui fait la prolongation de son arrêt d’une semaine. Lundi soir, Gaby décède. Elle a bien choisi son jour. Une semaine que ma fille restait avec elle toute la journée. Une semaine que la famille était encore réunie, avant qu’elle ne reprenne le travail.
Ma fille n’ayant plus été à l’école depuis 2020, ses journées étaient avec notre chienne.

Lorsque Gaby est décédée, je lui ai dit « tu vois, remercies l’univers d’avoir été présente, et d’avoir eu le temps d’assister à l’enterrement et de faire ton deuil. Tu devais bosser mercredi, tu n’aurais eu que mardi pour faire ton deuil. Tu aurais repris le travail, malheureuse, tu as besoin de temps, et l’univers te la donnée. Tu as une chance incroyable. Elle est morte entourée de nous tous, ensemble avant que tu ne retravailles.

Ma fille a fait une mosaïque de Gaby, sur sa boite en forme de cœur. Boite qu’elle a eut pour son anniversaire, un mois avant. Elle a fait son deuil en transmutant sa peine dans la création.

Cela faisait des mois que mon mari n’avait pas ou peu de travail, et ce jour-là, il eut assez de travail, pour s’occuper la tête. Je venais souvent le voir travailler, là, je ne suis pas allée le voir, je lui ai dit « je te laisse faire ton deuil ». Il l’a fait en créant. C’est comme si Gaby, lui donnait l’énergie de travail pour qu’il puisse s’occuper l’esprit.

Mon fils lui ça allait. Il est comme moi, les choses arrivent, mais c’est une continuité.

Hommage

Quand elle est décédé, quelques jours avant, j’avais trouvé un livre qui m’avait été donné, par un rosicrucien. Il y a une prière pour les personnes qui décèdent. J’ai donc lu cette prière pour elle. 

Ma fille a fait la mosaïque la représentant. 

J’ai fait une constellation pour ma fille, qui n’arrivait pas à dormir. Dans cette constellation, nous avons rendu hommage. 

Nous l’avons tous remercié pour le bonheur qu’elle nous a apporté, pour tout ce qu’elle nous a appris. Pour les moments partagés, se souvenant de sa tête de pirate, son regard quand elle nous voyait chercher une friandise. Ses sauts quand on promenait et qu’on passait une bouche d’égout, elle qui avait des soucis de colonnes vertébrales. Elle ne se plaignait jamais, même terrassée par la douleur. Elle avait peur des vétérinaires, ce qui peut se comprendre. Les dernières années, comme on ne sortait plus du pays, je ne lui faisais plus ses vaccins. Le canapé qu’elle nous a mangé quand elle était petite, elle déchiquetait tout. Les habits que ma fille lui faisait et qu’elle portait. Elle avait même un déguisement de batman, son ombre ressemblait à Batman
Ma fille et mon fils lui faisait bénir des objets en lui faisant lécher l’objet. Le fait qu’elle les lèche, c’était pour eux les bénir.

 Nous l’avons enterré, ma fille a formé un coeur avec des pierre. 
J’y suis retournée avec une amie et nous avons mis un foulard et j’ai gravé son nom sur l’arbre qui la protège. 

Elle est morte en avril, et aujourd’hui, le deuil a été fait. Les rituels que l’on a fait, ont aidé.