Les femmes qui viennent me voir, beaucoup me disent que leur mère et grand-mère étaient soumises.
Je leur remets le contexte historique, pour leur faire comprendre que la femme soumise ce ne sont pas leurs ancêtres. Elles ont certainement plus de force que nous, et ont enduré des choses plus difficiles.

Quelques dates clés

1944 : les femmes obtiennent le droit de vote. Elles votent pour la première fois pour les municipales le 29 avril 1945.
27 octobre 1946 : égalité des hommes et des femmes, inscrit à la constitution.
1956 : Création des maternités heureuse : Le planning familial. Le but est l’éducation sexuelle, le droit à la contraception et à l’avortement.
13 juillet 1965 : Les femmes peuvent gérer leurs biens propres et exercer une activité professionnelle sans le consentement de leur mari.
28 décembre 1967 : Loi Neuwirth, qui autorise la contraception.
4 juin 1970 : Autorité parentale conjointe : « Les deux époux assurent ensemble la direction morale et matérielle de la famille ».
26 août 1970 : Naissance du Mouvement libération des femmes.
3 janvier 1972 : La filiation. La mère sous certaines conditions a la possibilité de contester la présomption de paternité de son mari.
22 décembre 1972 : Principe de légalité de rémunération entre hommes et femmes. Pas vraiment d’actualité encore…
9 janvier 1973 : une femme peut transmettre sa nationalité à son enfant naturel ou légitime.
JUillet 1974 : création du secrétariat d’Etat à la condition féminine.
17 janvier 1975 : autorisation de pratiquer l’interruption volontaire de grossesse.
11 juillet 1975 : Réforme du divorce : autorise le divorce par consentement mutuel.
11juillet 1975 : Loi : interdisant de rédiger une offre d’emploi réservée à un sexe, de refuser une embauche ou de licencier en raison du sexe ou de la situation de famille.
23 décembre 1980 : Loi relative à la répression du viol et de certains attentats aux mœurs, qui donne une définition précise du viol et le reconnaît comme un crime : « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui, par violence, contrainte, menace ou surprise, est un viol ».
8 mars 1982
Première journée nationale des droits des femmes. Réception par François Mitterrand, président de la République, de 450 femmes, représentant les milieux socio-professionnels et les associations. Annonce de plusieurs mesures :
Remboursement de l’avortement par la sécurité sociale dès septembre 1982 ;
Instauration d’un quota de 30 % de femmes aux élections municipales et régionales ;
Mise au point d’un système de récupération des pensions alimentaires ;
Lancement d’un projet de loi antisexiste ;
Lancement d’un projet de loi sur l’égalité de sexe devant l’emploi ;
Création d’un statut de co-exploitante pour les femmes ;
Suppression de la notion de « chef de famille ».
7 mai 1982 : ordonnance reconnaît le principe d’égalité d’accès aux emplois publics.
13 juillet 1983 : « loi Roudy », qui établit l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes/loi Le Pors », qui dispose qu’aucune distinction ne peut être faite entre deux fonctionnaires en raison de leur sexe.
17 juillet 1984 : La Cour de cassation reconnaît pour la première fois le viol entre époux en instance de divorce.
22 décembre 1984 : relative à l’intervention des organismes débiteurs des prestations familiales dans le recouvrement des pensions alimentaires impayées. Les parents créanciers de pensions alimentaires impayées pourront faire appel aux caisses d’allocations familiales pour en assurer le recouvrement.
23 décembre 1985 : relative à l’égalité des époux dans les régimes matrimoniaux et des parents dans la gestion des biens des enfants mineurs.
5 septembre 1990 : Arrêt de la Cour de cassation, qui reconnaît pour la première fois le viol entre époux.
1992 : introduit la notion de harcèlement sexuel en droit français

De nos jours

Nous sommes nées avec le droit de voter, le droit de travailler, le droit d’hériter, le droit d’être au même niveau que les hommes en matière d’éducations. Nous ne nous en rendons pas compte, mais nous avons une chance grâce à nos ancêtres féminins qui ont enduré tout cela.
Nous avons le droit de limiter les naissances, nous avons des pilules, interruptions de grossesse pris en charge par l’État. Nous avons eu des cours d’éducations sexuelles.

Certaines femmes avant, avaient plusieurs enfants, car elles ne savaient pas comment les bébés venaient au monde.
Les hommes pouvaient contraindre les femmes, leurs femmes à avoir des relations sexuelles, sans que cela soit vu comme un viol.

Nous sommes libres, libres de parler, de dire ce que l’on pense. Libres de se marier avec qui on le souhaite. Libres de travailler. Libres de voyager seule. Nous ne nous rendons plus compte de notre liberté, de ce que nos ancêtres ont enduré pour que l’on en arrive là. Honorons leur vie et leur destin, et honorons le nôtre .

Pour ma part

Aujourd’hui, les femmes ont autant de pouvoir qu’un homme, du moins je n’ai jamais ressentis pour ma part une quelconque différence. Je viens d’une famille, où la femme avait plus de poids que les hommes, dans tous les sens du terme. L’homme était dénigré, car ma grand-mère n’avait pas connu son père et avait eu un beau-père italien au sang chaud. Ce beau-père avait envoyé son frère de 18 ans en prison, car il l’avait giflé. De nos jours, on ne met pas les gens en prison pour une gifle. Ma grand-mère a choisi de se marier avec un homme infidèle et violent, dont elle était amoureuse. Elle a renoncé à un très gros héritage pour cela. Elle a choisi l’amour plutôt que l’argent. Elle a subi les violences et l’infidélité de son mari qui la mettait enceinte régulièrement. Ma grand-mère, provoquait des accidents pour interrompre ses grossesses: vélo, escalier,…
Mon grand-père est mort jeune et l’a laissé avec 7 enfants, et il laisse aussi une maîtresse et son fils. Mon grand-père a quant à lui abusait du pouvoir des hommes de l’époque. Ce pouvoir qui lui donnait le droit d’être infidèle, violent, diriger et mettre enceinte les femmes.  

Ma grand-mère avait 40 et quelques années à sa mort. Un jour, je lui ai demandé pourquoi elle ne s’était pas remariée. Elle m’a dit « J’avais connu un homme, je n’en voulais plus dans ma vie. Sortir avec eux, avoir des relations, oui, mais l’avoir dans ma vie, non. Je souhaite être libre ». 
Elle a été libre jusqu’à ses 89 ans, jour de sa mort. 

 

 

Conclusion

Ne jugeons pas les ancêtres, sans connaître le contexte historique, l’environnement et leur état émotionnel. 

Honorons les pour leur souffrances et leurs expériences. Si aujourd’hui nous en sommes là, c’est grâce à eux et à leurs courages.