Nous sommes une famille ief, cela veut dire Instruction en famille. Enfin plutôt devrais, je dire, nous étions une famille IEF. Aujourd’hui, mon fils et ma fille ont eu le bac avec mention dans des spécialités que l’on fait souvent en présentiel. Ils reprennent le chemin des cours, pour travailler dans leur domaine Art et Informatique. À l’époque, mon fils avait 14 ans. Il avait passé son brevet et l’avait eu.
Lois
Normalement, en tant que famille IEF, nous devons déclarer à l’inspection académique notre désir de faire école à la maison. 
L’inspection académique souhaite qu’on remplisse un dossier, mais moi, je considère ce droit de faire école à la maison inaliénable. Donc je ne remplissais pas de dossier. Le fait de ne pas remplir ce dossier, me laisse dans la loi, l’autorisation parentale. Les parents demandent l’autorisation à l’État, laissant l »état choisir pour eux. Bref, il faut connaître les lois et les subtilités des lois pour comprendre cela. Donc bien qu’il y ait une loi du code de l’éducation qui souhaite que les parents demandent l’autorisation. Donc laisse à une autorité supérieure le choix ou non de faire école à la maison. Je m’appuie sur le code constitutionnel et le code civil pour faire valoir mes droits et ceux de mes enfants pour faire école à la maison. L’État n’étant pas à même de pouvoir décider ni pour moi, ni pour mes enfants. On a bien vu pour le covid comment cela a été géré… dans la peur. Le code constitutionnel et le code civil niveau hiérarchie des lois, il n’y a rien au-dessus, pas même le code de l’éducation. Il faut savoir que le code de l’éducation ne mentionne nulle part le bien-être de l’enfant, il n’est mentionné que dans le code constitutionnel. Bref, je ne fais pas faire un cours de droit, juste pour montrer que je connais les lois, et que j’étais dans mon droit. L’important étant juste de prévenir l’inspection académique. En septembre 2022, l’inspection académique m’avait appelé, laissé un message pour rescolarisé mon fils. J’avais envoyé un mail en disant que je refusais tout appel téléphonique de leur part, que je souhaitais de l’écrit. Mon fils n’irait pas à l’école car il ne le souhaitait pas. Il avait écrit une très jolie lettre pour montrer sa motivation. Donc ni moi, ni l’état n’avait son mot à dire sur le choix de mon fils de 14 ans, sain de corps et d’esprit et pleinement conscient. 
Visite de la police.
Le dimanche 31 juillet 2023, vers midi, nous faisions notre barbecue, tranquille, dans le jardin. Mon mari avec son chapeau de cow-boy et sa chemise à carreau, ressemblait à un Cow-boy, je lui avais d’ailleurs fait remarqué.
Ça sonne, mon mari est dehors, il parle, et j’arrive. Je vois au-dessus du portail un gyrophare bleu éteint, je me demande ce que fait la police à cette heure-ci et un dimanche. Je pense qu’ils veulent sans doute un témoignage, quelque chose a dû se passer dans le coin.
Je m’approche et mon mari m’explique que les gendarmes viennent, car on a une plainte du procureur. Notre fils va pas à l’école. Je dis au gendarme qu’effectivement, il n’y va pas.
Le gendarme : vous les avez prévenus ?
Moi : oui, bien sûr, j’ai envoyé des courriers en recommandé.
Le gendarme se retournant contre ses collègues « non mais je ne comprends pas ce qu’ils font là », puis nous parlant « vous pourriez nous les amener ? »
Moi : bien sûr.
Le gendarme : « Ok, on va prendre rendez-vous. »
Moi : « Je suis disponible tous les jours, dites moi. »
Le gendarme regarde son emploi du temps : « Ah, je ne peux pas lundi, ni mardi, mercredi ça va être compliqué… Je peux prendre votre téléphone pour vous rappeler ? »
Moi : bien sûr.
Je lui donne le numéro de téléphone et plus aucune nouvelle… Mercredi 3 août, je l’appelle pour savoir si on peut prendre rendez-vous. La personne de la réception me dit « nous avons des affaires plus urgentes à traiter. Et là, il ne peut pas vous répondre, il vous rappellera ». Je lui demande s’il est quand même possible de partir en vacances si on le souhaite ou de sortir.
Elle me dit « oui sans problème, vous n’inquiétez pas, on fera en fonction de vos disponibilités aussi ».
Jeudi, le gendarme m’appelle et me demande si c’est possible de venir le lendemain, et mon mari aussi. Mon mari travaillant, il me rejoindra plus tard.
Garde à vue
Ce qu’il faut savoir, c’est que c’est notre deuxième garde à vue. La première était dix ans avant. Une directrice d’école de Carpentras nous avait mis en garde à vue. D’après le policier de l’école, c’était pour nous éviter de porter plainte contre l’école. Ils portaient plainte avant pour que l’on ne puisse pas les attaquer.
Nous avions été convoqués à la police Nationale. Là, c’était la gendarmerie. Les moyens ne sont pas les mêmes.
Ce que je peux dire, c’est que la garde à vue en gendarmerie et à la police nationale, n’a pas le même dispositif. À la police Nationale, nous avions un bureau où une personne était à la porte, et une personne prenait notre déposition et posait beaucoup de question sur nous, notre famille, … Des questions parfois indiscrètes. Là c’était plus cool. 
La défense des familles IEF
J’avais promis à chacune des familles du groupe du département du Vaucluse, que je les défendrais. Je les ai défendues à mon niveau.
Vendredi 5 août, j’y vais à 14 h 30, il a du retard, mais il arrive. 
Il me dit mes droits, dans le respect, la politesse, et il me demande si j’ai toute les preuves de mes courriers. J’ai tout amené, je lui donne, je lui explique. Il prendra plus de temps à écrire ce que je dis, qu’à me poser des questions.
Cette affaire le gonfle, car elle n’est pas importante et que mon mari et moi n’avons rien fait de mal que de faire école à la maison.
Je comprends cependant pourquoi la vie m’amène ici. Il y a 7 mises en cause avec nous, donc cinq autres personnes en école à la maison. Les gendarmes se sont partagé les affaires, lui ne s’occupera que de nous. 
Il me le confie, car je lui dis « vous savez, les 5 autres personnes, je ne sais pas si je les connais. Mais il faut bien se dire que l’inspection académique attaque les familles pour rien. Il y a dix ans, nous étions en garde à vue pour intrusion plan vigipirate mon mari et moi. Juste parce qu’on a récupéré les affaires de ma fille dans l’école et que la directrice nous a laissé entrer… Ils avaient même à l’époque attaqué une autre famille, eux par contre, c’est aller au tribunal. Nous, on a de la chance, ça a été sans suite. Les familles ief, font énormément pour les enfants. Nos enfants sont tous instruits, nous ne sommes pas des familles qui s’en foutent bien au contraire. L’instruction est pour nous plus importante, c’est pour cela qu’on les retire de l’école ».
Ce à quoi il m’a répondu « oh je m’en fou des autres moi, je ne m’occupe que de vous ».
Moi : « Oui, mais il est important que vos collègues le sachent. Nous sommes des familles pour qui l’instruction est importante. Je n’ai jamais rencontré une famille pour qui l’instruction n’était pas importante ».
Le gendarme devant mon étonnement qu’il s’en foute, me répond « vous inquiétez pas, mes collègues seront avec les familles comme je le suis avec vous. »
Moi : ok, merci beaucoup. 
L’entretien
Le gendarme, n’est pas pour l’école à la maison. Il avait beaucoup d’a priori sur l’ief. Mais devant le brevet que mon fils a eut avec un an d’avance, et le bac avec mention de ma fille, il a bien dû se mettre à l’évidence que nos instructions étaient bonnes. Je lui ai dit « vous savez, quand on passe le bac, après l’on ne se souvient plus de rien… Même pas des langues que les professeurs d’origines françaises nous ont appris. Ma fille parle anglais, espagnol et chinois couramment, même après avoir passé le bac. Ça restera à vie. » . Il a reconnu lui-même que le niveau de l’école était bas et a compris notre philosophie par rapport à cela.
Même s’il n’était pas d’accord, il l’a compris et nous lui avons appris beaucoup. Comme moi, j’ai beaucoup appris aussi ce jour-là. Ils sont dans des locaux où il faisait chaud, bien que le temps fût venteux. Heureusement, le temps était venteux, car si nous serions venus un jour où il faisait 40 degrés, cela aurait été insupportable. Les locaux étaient en désordre, car on leur installait la climatisation, ils allaient enfin avoir la clim.
Je leur ai dit « mais comment aucune de vos hiérarchies n’a pu penser à vous mettre la climatisation avant ? Comment pouviez-vous bien travailler ? Et recevoir du public dans une chaleur pareil ??? Quel irrespect la façon dont on vous traite ».
Le gendarme m’a répondu « nous sommes militaires. »
Moi : « Et ?? »
Le gendarme : « C’est connu, on s’en fou des militaires. »
Moi : « Eh bien moi je ne m’en fou pas des êtres humains. Chacun doit être un minimum dans un confort, il fait chaud, vous auriez dû avoir les climatisations il y a vingt ans en arrière ».
Le gendarme : « oui, mais tous ne sont pas comme vous. »
Enquête parallèle.
La veille, il s’était passé un fait divers. Un homme avait visité plusieurs maisons et poignardé la personne de la dernière maison. Je suis restée de 14 h 30 à 18 h et j’ai vu passer plusieurs victimes. À un moment, la première, est une dame âgée, la pauvre, veuve, vivant seule. Je la vois arrivée et je dis au gendarme qui m’interroge « votre collègue ne va pas l’interroger ici ? Dans la même pièce que moi quand même ? »
Le gendarme : « Si, nous n’avons pas le choix, nous n’avons pas d’autre local »
Moi : « Mais la pauvre, elle a besoin de confidentialité sans doute ».
La dame âgée est venue, elle était dos à moi. Je lui ai passé ma chaise plus confortable, et nous avons un peu parlé. Je l’ai soutenue un peu. La pauvre. Je devais sans doute être présente pour elle aussi… Le fait qu’il y ait une autre personne, ça lui a peut être fait du bien.
Le voleur, lui avait volé de l’argent dans son portefeuille, et une chaise, elle disait « l’argent, je m’en fou. Mais la chaise était en paille avec des épis. Vous savez, elle n’a pas de valeur. Mais elle en avait pour moi, ça m’embête ». Elle le répétait souvent, « vous avez bien marqué la chaise », espérant peut-être la retrouver si on retrouve le voleur… Elle ne pleurait pas, mais en était pas loin. À 80 ans, il ne reste plus que les souvenirs, l’argent elle s’en foutait.
Je n’ai pas entendu tous les témoignages. Par la suite, ses collègues faisaient des allers-retours, rentraient, sortaient du bureau.. Il y avait trois bureaux dans la salle où j’étais, qui était déjà petite, environ 10/15 mètres carrés… Je vous laisse imaginer comme on se sentait très serré les uns les autres. Après, ils bossent beaucoup dehors, d’après ce que j’ai compris…
Fin de l’entretien
Le gendarme m’a dit qu’il ne pouvait nous laisser partir sans appeler le procureur. Le procureur devait donner son aval pour que l’on parte. Mais rien que cette demande au procureur l’emmerdait. Il m’a dit « écoutez, je vais l’appeler. S’il ne répond pas, s’il n’est pas là, moi, je vous laisse partir. Je m’en fou, je vais lui dire ce que je pense de cette affaire ».
Je lui réponds « vous avez le droit de le dire ? »
Il me répond « bien entendu, c’est moi l’enquêteur. »
J’étais étonné qu’un gendarme puisse dire ce qu’il pense. Cette affaire, c’est n’importe quoi et ça l’ennuie, pour être polie…
Ils devaient prendre nos empreintes et photos, nous avons eu pitié avec mon mari. Il nous a pris en photo devant des portes de placard blanc dans un couloir… Les empreintes, il m’a appris à en faire. En m’expliquant comment cela devait être bien fait pour que les lignes apparaissent bien. J’ai trouvé cela intéressant. Pour se laver les mains. Il n’avait que du cif !!! Il n’y avait pas de savon ou de liquide vaisselle, les pauvres, ils ont que dalle. Même la chaise que j’ai passée à la personne âgée était une chaise personnelle du gendarme qui s’occupait de moi, il l’avait ramené de chez lui !
Quand tout fut fini, il nous raccompagna vers la sortie, il avait appelé le procureur et il n’avait pas eu de réponse. Il nous a dit que pour lui l’affaire serait classé sans suite. J’avais apporté les preuves que l’inspection académique avait des nouvelles de mon fils. De plus, l’âge de la première infraction est mauvais, c’est pour un enfant entre 16 et 18 ans, et mon fils n’a que 14 ans…
Le gendarme m’a dit « déjà là, je ne relève pas, ils n’avaient qu’à pas se tromper dans l’âge ».
Il nous a dit qu’il nous laissait partir. Il n’avait pas que ça à faire de nous garder (Dis très poliment.). Il nous a dit qu’il nous tenait au courant. Il nous appellerait lundi ou mardi pour nous dire si l’affaire continue ou si ça s’arrête là. Je l’ai remercié. Il m’a dit, « c’est normal, je ne comprends pas qu’on nous fait perdre autant de temps. J’ai autre chose à foutre que de m’occuper de ce genre d’affaire ».
Moi : « Et moi, j’ai autre chose à faire aussi que venir ici. Je vous comprends, avec ce qui s’est passé hier soir. Sans compter les autres affaires. La nôtre vous fait perdre du temps, j’en suis désolée ».
Le gendarme « ce n’est pas votre faute. Ce n’est pas la faute au procureur non plus. En février, il a reçu cette lettre de l’inspection académique qui nous demande d’enquêter, car ils n’ont aucune nouvelle de votre fils. »
Moi : « je vous ai montré la preuve qu’ils en avaient. Ils m’ont envoyé un mail pour l’inscrire en ASSR2. J’ai de la chance, car ce mail, ils ne l’envoient jamais en règle général. Je suis l’une des seules familles à l’avoir reçu. D’habitude, c’est au famille de faire la demande. Et le collège de Mazan a vu mon fils. Et le collège de Fabre a vu aussi mon fils, pour le contrôle en 2021 et pour le Brevet en 2022. Sans compter la déclaration que je fais chaque année.
Voilà comment s’est passé notre deuxième garde à vue.
Ce n’est pas parce qu’on fait de la garde à vue qu’on est des délinquants. Ce n’est pas parce qu’on fait de la garde à vue qu’on sera mal reçue ou qu’on sera incriminée pour un crime. Les deux fois, l’affaire a été classées sans suite, car nous avons agi pour le bien-être de nos enfants.
Depuis nous n’avons, plus jamais, été embêté par l’inspection académique. 
Mon fils a eu son bac cette année avec mention, à 16 ans. Comme quoi, L’école n’est pas nécessaire à de bonnes études, lorsque les parents sont présents.